Jusqu’à récemment, le général 5 étoiles (et futur maréchal comme son défunt père), Mahamat Idriss Déby Itno, pensait que c’était lui et lui seul, l’homme de la France au Tchad. Après l’avoir imposé aux Tchadiens en ignorant totalement les dispositions que préconise la constitution en cas de vacance du pouvoir, le jeune Kaka pensait que ses amis français sauraient manoeuvrer pour qu’il succède définitivement à son père. Pas si sûr. Les Français, comme à leur habitude, ont deux fers au feu : le plan A et le plan B si jamais le plan A ne marchait pas. Objectif : que la France reste sur ses deux pieds au Tchad quelque soit le futur locataire du palais rose. Alors que le jeune général 5 étoiles a fait tirer le dialogue en longueur à Doha au Qatar pour que rien n’en sorte, question de pousser à la prolongation de la transition de 18 mois supplémentaires, ce qui est bien pour son apprentissage à la tête de l’Etat, les choses, elles, ont changé en France où Emmanuel Macron réélu, a congédié coup sur coup sa ministre des Armées, Florence Parly, et son chef de la diplomatie, Jean-Yves Le Drian. Ce dernier était l’ami personnel du papa de l’actuel président et son grand soutien pour son accession à la présidence de la transition. Une accession qui fit scandale. Maintenant, les choses ont changé. Et c’est l’une des raisons principales de la visite du président du Niger, Mohamed Bazoum, au Tchad, il y a quelques jours. Sous couvert de la lutte contre le djihadisme et de la relance du G5 (ou G4 moins le Mali) Sahel, le président du Niger était surtout l’envoyé spécial et discret de la France avec pour mission de tirer les vers du nez de son jeune homologue. Il a réussi à le faire et s’entendre dire que le jeune général 5 étoiles prévoyait se faire élire « démocratiquement » pour rester au pouvoir. Car dit-il, il fait l’objet de beaucoup de pressions dans le pays pour qu’il poursuive sa mission à la tête de l’Etat. Et comme le devoir l’appelle, il n’y peut rien. Cette hypothèse n’enchante pas (trop) les Français qui ne veulent plus de militaire à la tête des Etats francophones d’Afrique. Cela dit, le futur jeune maréchal n’a pas réussi à convaincre son « oncle » Bazoum (le président du Niger dès le début de sa visite l’a mis à l’aise en lui expliquant qu’en tant que grand ami de son feu papa, il était son oncle. Et Kaka l’appelle désormais « Oncle ») afin qu’il lui donne le nom du Tchadien actuellement en service au Tchad sur qui misait la France comme plan B. Ce sera le travail des services secrets tchadiens : le débusquer et probablement lui couper le cou pour que Kaka reste seul. Comme quoi, les prochains mois seront très intéressants à suivre au Tchad.
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