DEFILE DU 7 AOUT : Bédié et Gbagbo font faux bond à Ouattara à Yamoussoukro

La réconciliation n’est pas pour demain en Côte d’Ivoire. Du moins, tant que le président actuel, Alassane Ouattara, voudra en faire une affaire personnelle qui l’avantage politiquement au détriment de ses deux prédécesseurs. Alors qu’il avait fait annoncer à haute voix la présence des anciens présidents, Henri Konan Bédié, et Laurent Gbagbo, à ses côtés, le 7 août, Place Jean-Paul II, de Yamoussoukro, personne ne s’est présenté, en dehors de ses deux homologues du Liberia, George Weah, et de Guinée Bissau, Umaru Cissoko Embalo. La raison en est simple : Bédié et Gbagbo ont mis fin à l’instrumentalisation, à l’infantilisation, dont ils sont l’objet de la part de Ouattara. Trop c’est trop. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est le décret que Ouattara vient de signer pour gracier Laurent Gbagbo des chefs d’accusation par rapport au cambriolage de la BCEAO de Bouaké dont il était injustement accusé alors que les deux hommes s’étaient entendu sur l’amnistie. Ouattara, une fois de plus et à la dernière minute, a changé d’avis car il a des idées derrière la tête : il ne veut pas que Gbagbo soit candidat à l’élection présidentielle de 2025. La grâce qu’il vient de lui octroyer (et pas à tous les camarades de Gbagbo emprisonnés suite à la crise post-électorale de 2011) ne lui donne pas cette possibilité tandis que s’il l’amnistiait, il effacerait tout son passif judiciaire, ce qui lui permettrait de faire acte de candidature sans demander l’autorisation de qui que ce soit, et surtout pas d’Alassane Ouattara. Pourtant, ce dernier avait reçu ses deux prédécesseurs, au palais de la présidence du Plateau, le 14 juillet dernier. Le communiqué qui en était sorti avait montré que la réconciliation était en bonne voie. Et que les trois hommes allaient se retrouver, avec leurs épouses, le 7 août au défilé du 62e anniversaire. Les artistes musiciens dont Alpha Blondy les avaient même conviés au concert qui a été donné dans la nuit du 6 août au peuple de Côte d’Ivoire et qui a été retransmis intégralement par la Radio télévision ivoirienne jusqu’au petit matin. Décidément, Gbagbo quelque part doit fortement regretter d’avoir donné l’ivoirité à Ouattara. En effet, à la demande de l’ancien président sud-africain, Thabo Mbeki (qui de son côté était pressé par l’ancien président français, Jacques Chirac), le président, Laurent Gbagbo, avait décidé de donner le passeport ivoirien à Alassane Ouattara (qui est un Burkinabé de naissance, c’est-à-dire, né de père et de mère burkinabè) pour qu’il participe comme les autres Ivoiriens à l’élection présidentielle. Maintenant, Gbagbo après que ce même Ouattara l’eût envoyé à la CPI (pour y mourir), mais où finalement aucune charge n’a été retenue contre lui, continue de souffrir dans sa chair profonde pour avoir été d’une naïveté géosynclinale à l’endroit de son bourreau d’aujourd’hui. Comme quoi, la (haute) politique n’est pas à la disposition du premier historien qui a déserté les amphithéâtres.

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