Le projet de loi pour la reconstruction de Mayotte est présenté, ce mercredi, 8 janvier, en Conseil des ministres. Un texte qui permettra notamment de déroger pendant deux ans aux règles d’urbanisme mais qui est, déjà, critiqué par des élus lui reprochant de ne pas s’attaquer aux bidonvilles. En fait, de faire du saupoudrage alors que les vrais problèmes sont laissés de côté. Ces vrais problèmes, c’est entre autres, agir à Mayotte comme on aurait agi en Martinique, en Guadeloupe ou dans l’île de la Réunion voisine. Autrement dit, on est en plein dans le statut de Mayotte qui fait problème. D’où les questions : Cette île est-elle comorienne (comme le revendique Moroni) ? Est-elle française comme le clament les élus mahorais ? Est-elle française à moitié comme le montrent les agissements approximatifs des autorités françaises qui défilent à Mayotte depuis le cyclone ? Celles-ci ne cessent de récolter des critiques traduisant le malaise qui est de compter Mayotte comme un département français d’Outre-Mer à part entière.
Selon l’exposé des motifs du projet de loi d’urgence pour Mayotte, dévasté le 14 décembre par le cyclone Chido, l’objectif est de permettre aux acteurs publics de «rétablir les conditions de vie des habitants» tout «en préparant la reconstruction» du petit archipel français de l’Océan Indien (sur notre photo, une vieille case : on n’est pas dans un bidonville africain. On est en France, plus précisément, à Mayotte).
Pour les mesures de plus long terme, notamment, autour des questions d’immigration, de sécurité et de développement économique, le gouvernement prévoit un autre projet de «loi-programme» qui sera élaboré dans les trois mois, indique Matignon (si François Bayrou sera encore en place). Sinon, ce projet de « loi programme » prendra encore du retard. Le texte de ce mercredi vise à déroger «pendant deux ans» aux règles d’urbanisme et des marchés publics, pour faciliter la reconstruction des écoles, mais aussi, des infrastructures et des logements.

Sur le foncier, alors qu’il est souvent difficile d’identifier formellement les propriétaires des terrains à Mayotte, le texte prévoit de déroger aux règles habituelles et de pouvoir exproprier avant qu’un propriétaire ait été identifié, quitte à l’indemniser a posteriori. Le texte contiendra aussi plusieurs mesures économiques qui resteront en vigueur «jusqu’au 31 mars 2025», comme la suspension du recouvrement des cotisations sociales des travailleurs indépendants, la prolongation des droits des assurés sociaux et des chômeurs ou l’augmentation de la prise en charge au titre du chômage partiel.
Rien en revanche sur l’habitat précaire, alors que François Bayrou avait promis lors de son déplacement fin décembre «d’empêcher la reconstruction» des bidonvilles à Mayotte. «Le texte est inacceptable parce qu’il n’apporte aucune réponse aux vraies urgences de Mayotte», estime l’ancien député et vice-président LR en charge des Outre-mer Mansour Kamardine, réclamant «une mesure qui inscrit l’interdiction des bidonvilles» dans l’archipel.
De son côté, la députée Liot de Mayotte, Estelle Youssouffa, sans commenter le projet de loi d’urgence, a réclamé que «les entrepreneurs de Mayotte soient prioritaires sur les contrats» de reconstruction de l’archipel.

Quand on survole Mayotte par hélicoptère, on ne se croirait pas dans un département français d’Outre-Mer. On se croirait, plutôt, dans une île des Comores. Ce n’est donc pas un hazard si ce cyclone a permis au gouvernement comorien et aux associations comoriennes de montrer leur solidarité à l’endroit de Mayotte. Car pour eux, Mayotte est la 4e île qui compose les Comores et reconnue comme telle par les Nations-Unies. Mais, la France a toujours refusé de s’y conformer.
La France est, maintenant, coincée entre sa doctrine expansionniste qui consiste à être présente, territorialement, dans tous les océans et toutes les mers du monde. Aujourd’hui, sa puissance militaire et surtout économique ne lui permet plus de répondre à une telle aspiration. Voilà pourquoi on peut être choqué par les bidonvilles qui saturent Mayotte et qui n’existent pas souvent dans les autres DOM/TOM. Pourquoi ? Parce que les Comoriens et d’autres Africains cherchent à s’y installer, par tous les moyens, sachant qu’ils sont en France.

La France, elle, n’a plus les moyens de sa politique à Mayotte. Il faut que son gouvernement ait le courage de tenir un langage de vérité aux Mahorais, sachant que le président, Azali Assoumani, entend toujours rallier Mayotte aux trois autres îles de l’archipel. Il appartiendra aux Mahorais qui veulent rester Français de choisir s’ils préfèrent aller vivre sur l’île de la Réunion ou dans un autre département français ou en Hexagone. Il faut savoir vite prendre une décision, qui permettra de stabiliser cette île sur tous les plans y compris au niveau de sa sécurité et de son développement économique.