SADC : Le Bloc austral obligé de tourner la page Andry Rajoelina

Date

Alors que Madagascar a changé de président suite la destitution d’Andry Rajoelina par voie parlementaire le 16 octobre dernier au motif de vacance du pouvoir, la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), l’organe sous-régional, qui est confronté au même problème, tarde à prendre position. Mi-août, l’ancien DJ avait été porté à sa tête, succédant au président du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa. 

Sans y accorder la moindre importance, la SADC décidait de faire d’un citoyen français son président. Ignorant les critiques à son égard, elle mit sa crédibilité en jeu pour un homme dont l’allégeance envers les Africains était douteuse (sur notre photo, la SADC se réunit en août 2024). Imaginez un seul instant qu’un Africain puisse un jour devenir le plus haut responsable de l’un des trois organes clés de l’Union européenne, à savoir, la Commission européenne, le Parlement européen, ou le Conseil européen. Une folie !

Connue pour son détachement de la politique intérieure de ses 16 Etats-membres, la SADC ne peut, cette fois, pas se dérober, compte tenu de la gravité du fond du problème auquel elle est désormais confrontée. Il est ici question du fait que Andry Rajoelina vient d’être déchu de sa nationalité malgache par un décret signé de l’actuel premier ministre, Herintsalama Rajaonarivelo, soupçonné lui-même d’être un proche de Rajoelina.

Officiellement, cette décision du nouveau gouvernement de la Grande Ile s’appuie sur une disposition du code de nationalité malgache, selon laquelle toute personne acquérant une nationalité étrangère perd automatiquement sa nationalité malgache. En conséquence, si la légitimité accordée, jusqu’à présent, par la SADC à Rajoelina se basait sur la non-perte de la nationalité malgache de celui-ci, ce prétexte ne prévaut plus aujourd’hui.

Passation de charge à la présidence en exercice de la SADC entre le président du Zimbabwe Emmerson Mnangagwa et le président de Madagascar Andry Rajoelina.

Tout compte fait, cet état des choses est, probablement, préférable pour l’ancien président doublement déchu, car sinon il aurait, certainement, été inculpé pour haute trahison par les nouvelles autorités judiciaires du pays. On notera aussi avec intérêt le premier acte fort de Herintsalama Rajaonarivelo dont la longévité à la primature s’inscrit en pointillés depuis la contestation de sa nomination par la Gen Z. Il lui en faudra beaucoup plus pour la convaincre.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

Envie d’accéder aux contenus réservés aux abonnés ?

More
articles

Laisser un commentaire

×
×

Panier