Le Sénégal est dans une situation économique préoccupante. Très endetté, probablement, plus que tout autre pays africain, en pourcentage de son PIB, il n’a pas obtenu du FMI la reprise des versements du prêt de 1,5 milliard d’euros, suspendu depuis plus d’un an, après que l’annonce de sa dette cachée se soit répandue dans l’opinion publique internationale. Responsable à plus d’un titre des déboires de l’économie sénégalaise, l’entité de Bretton Woods vante, aujourd’hui, la transparence budgétaire de Dakar. Une moquerie que les Sénégalais se doivent de dénoncer.
De quel recours dispose un pays lorsque le FMI produit des rapports périodiques erronés sur ses comptes ? Pendant le second mandat de Macky Sall, les équipes de l’institution financière mondiale déambulaient à Dakar, pondant, l’une après l’autre, des bilans attestant de la solidité des fondamentaux de l’économie domestique, sans jamais mettre le doigt sur une incohérence dans ses engagements financiers de l’ordre de 40% du PIB (sur notre photo, Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko qui ont hérité de la désastreuse situation financière de Macky Sall). Une proportion si élevée que la négligence l’ayant entraîné ne peut pas avoir été réalisée en un seul exercice fiscal.
Dit autrement, pendant plusieurs années, le service qualité du FMI, chargé de s’assurer de l’application rigoureuse des normes régissant la conduite des missions par ses équipes, n’a rien détecté, et a donc failli à son rôle. Si l’ambition de Macky Sall de faire un troisième mandat auquel il n’avait pas droit, n’avait pas été anéantie, la supercherie aurait continué. Aujourd’hui que les conséquences, sur les finances publiques sénégalaises, de la négligence du FMI sont connues, quelle crédibilité faut-il encore accorder aux rapports du FMI ?
Il n’a déjà pas bonne réputation de manière générale, puisque son implication dans un pays est souvent synonyme de renonciation à sa souveraineté, le tout sans garantie que les objectifs visés seront bel et bien atteints, notamment, en matière de relance économique. Pour la faute gravissime sur la dette sénégalaise qui va hypothéquer le futur de nombreuses générations, le FMI, ne s’est pas excusé, et n’a pas non plus discipliné ses effectifs du département Afrique, donnant l’air de préférer les couvrir et d’encourager l’impunité, malgré leur travail désastreux. Un scandale !

C’est le même sentiment que l’on retrouve chez Macky Sall, dont la popularité reste intacte dans les cercles occidentaux, pourtant, au courant de ses méfaits pendant sa présidence. Considérés comme le duo dirigeant de leaders le plus progressiste d’Afrique, Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko devraient se réjouir du refus du FMI de leur prêter plus d’argent. En effet, même s’il est vrai que la main qui donne est supérieure à celle qui reçoit, ce n’est pas tout argent qui est bon à prendre, et surtout, pas celui du FMI, assorti de conditions draconiennes.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)





