Njoroge venait de sortir de « La grande maison » (Mohammed Dib). Son attention avait été attirée par des « Hosties noires » (Léopold Sédar Senghor) répandues dans la brousse. Choqué par la scène, le gamin se mit à pleurer à chaudes larmes mais un vieillard qui passait par là lui dit : « Enfant, ne pleure pas » (Ngugi Wa Thiong’o).
Le fils de Ngotho se demandait qui avait pu jeter ces hosties « Au pied du Mont Kenya » (Jomo Kenyatta). Quelqu’un d’autre aurait cherché à consommer ces hosties comme le jeune Toundi qui avait l’habitude de voler le vin de messe et les hosties pas encore consacrées dans la sacristie de la chapelle de Doum. Toundi aimait raconter à ses camarades que, si des choses bizarres pouvaient arriver dans « Une vie de boy » (Ferdinand Oyono), cela n’avait rien à voir avec « L’Etrange destin de Wangrin » (Amadou Hampaté Bâ).

Quand il était sur le point de céder au découragement, il se souvenait que « Chaque aurore est une chance » (Fatho Amoy) pour « Les bouts de bois de Dieu » (Sembène Ousmane). La veille, son institutrice, avait adressé à son père « Une si longue lettre » (Mariama Bâ). Cette dame, qui sortait d’une longue « Nuit d’errance » (Alex La Guma), s’inquiétait de la récente rencontre entre Toundi et « Le démagogue » (Chinua Achebe) arrivé de Lagos, il y a une semaine. Ce démagogue appelait tout homme qui ne partageait pas son point de vue « Nègre de paille » (Yodi Karone). Il avait fréquenté jadis avec un Tchadien qui, après avoir travaillé dans le gouvernement, devint « Prisonnier de Tombalbaye » (Antoine Bangui).
Dans cette prison, on pouvait disputer les draps avec « Les cancrelats » (Tchicaya U Tams’i). Les choses se passaient là-bas comme dans « Le cercle des tropiques » (Alioum Fantouré). On y entendait des « Coups de pilon » (David Diop) et les cris des détenus. Un jour, les prisonniers avaient fait une grève de la faim pour protester contre la nourriture infecte qui leur était servie. Tenaillés par la faim, certains grévistes firent défection. « La grève des Battù » (Aminata Sow Fall), elle, fut une réussite parce que les mendiants refusèrent l’aumône de ceux qui les avaient chassés de Dakar.

Les autorités estimaient que la ville était sale et dangereuse à cause des mendiants et qu’il était nécessaire d’installer ces derniers sur un nouveau site. Après cette belle victoire, le chef des mendiants s’offrit une semaine de vacances sous « Le baobab fou » (Ken Bugul). Il voulait profiter de ce moment pour relire « Les interprètes » (Wole Soyinka). Assis sur une esplanade de « Latérite » (Véronique Tadjo), le griot lui avait fait comprendre que « Jazz et vin de palme » (Emmanuel Dongala) manquaient dans le pays et qu’il était devenu difficile de chanter : « Ô pays, mon beau peuple ! » (Sembène Ousmane)
Jean-Claude Djéréké
est professeur de littérature à l’Université de Temple (Etats-Unis).





