PRESIDENTIELLE EN GUINEE : Doumbouya le putschiste a-t-il peur d’un putsch contre son indigne personne ?

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Il y a quatre ans, quand il est arrivé au pouvoir pour dégommer celui dont il gérait la sécurité rapprochée, Alpha Condé, parce qu’il s’était octroyé un troisième mandat dont il n’avait pas le droit, lui, l’opposant historique resté 50 ans au bord de la Seine, à Paris, à critiquer la dictature guinéenne dirigée successivement par Sékou Touré et Lansana Conté, voilà que Alpha Condé, lui aussi, a succombé au charme de la dictature et de la présidence à vie en modifiant (unilatéralement) la constitution pour s’octroyer un troisième mandat, puis, un quatrième, voire, un cinquième, comme son homologue et ami de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara. Sauf que Ouattara, contrairement à Alpha Condé, est un ancien chef-rebelle arrivé au pouvoir en Côte d’Ivoire après avoir créé la rébellion des Forces nouvelles dirigée par Guillaume Soro (actuellement en exil involontaire en Turquie) et donc plus aguerri à la chose militaire et sécuritaire que le pauvre Alpha. Son protecteur au palais, le colosse de la légion étrangère française, le lieutenant-colonel, Mamadi Doumbouya, l’a alors déposé comme un jeu, le poussant hors du pays pour ne pas le zigouiller lui-même à Conakry. Alpha Condé a eu, au moins, la vie sauve, en Turquie où il est exilé, lui aussi, involontairement comme Guillaume Soro. Car qu’on se le dise bien, il préférerait résider à Conakry.

Arrivé donc au palais de Sekhoutoureya pour une simple transition avant de laisser le pouvoir à un civil, après avoir organisé une élection présidentielle crédible et transparente, le projet du colosse de Conakry a changé en cours de route. De lieutenant-colonel, il s’est bombardé le grade de général d’armée (5 étoiles), grade jusque-là inexistant dans l’armée guinéenne. Ce n’est pas tout. Il a changé la constitution, jeté son djellaba militaire au profit d’un costume trois pièces à l’européenne. Mieux encore, pour avoir un boulevard devant lui, Doumbouya a mis en exil involontaire, là aussi, tous les opposants historiques du pays qui pouvaient le concurrencer sérieusement pendant cette présidence où il va se balader devant huit opposants choisis par ses propres soins (51 candidats factices avaient déposé une candidature). C’est le cas des anciens premiers ministres, Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré et autres Alpha Bayo, qui de leur lieu d’exil, ont invité leurs militants à rester chez eux.

Doumbouya ici avec Ouattara a raison de se méfier de lui car ce dernier rêverait d’un retour d’Alpha Condé au pouvoir à Conakry.

Le jeune frère copie bien son aîné, Alassane Ouattara, dont il se méfie comme du lait au feu, mais n’hésite pas à s’inspirer de tous ses méfaits politiques : Pour briguer un 4e mandat (Ouattara jurait être venu au pouvoir pour un seul et unique mandat avant de céder le fauteuil à Henri Konan Bédié, on connaît la suite), Doumbouya, lui aussi, compte s’installer durablement. Sauf cas de force majeure comme un coup d’état militaire, ce à quoi il devrait, logiquement, s’attendre, la Sainte Bible qu’il n’a jamais lue énonçant dans son « Qui tue par l’épée périt par l’épée » (Matthieu 26:52).  Traduction : Jésus dit à Pierre de ranger son épée, et dans l’Apocalpyse 13 :10, qui prophétise que ceux qui font la guerre périront par la guerre, soulignant le principe de réciprocité de la violence. Doumbouya est venu par un coup d’état militaire. C’est le même coup d’état militaire qui va le chasser du pouvoir.

Le communiqué rédigé, à la hâte, par le général, Balla Samoura, montre que le putschiste Doumbouya qui veut se reconvertir en distingué chef d’état démocratiquement élu, fait face (sans le savoir peut-être) à une situation qui ne passe pas du tout en Guinée, y compris au sein de l’institution militaire.

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