MADAGASCAR : Trahison plutôt que Refondation ?

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La Refondation est en marche à Madagascar. Annoncée, vantée puis célébrée dans ses débuts, sa tournure conforte les doutes sur son coté transformateur. En dépit des critiques pleuvant sur lui, Michaël Randrianirina a procédé à de nombreuses nominations controversées, dévoilant ainsi davantage son orientation idéologique pour les temps à venir. Tout cela en assumant désormais clairement la mise à l’écart de la Gen Z, pour une Refondation sans ceux qui l’ont portée.

Du Palais Iaovohola à la tête des régions, près de 130 postes ont été pourvus par décret présidentiel à l’issue du Conseil des ministres du 22 décembre dernier. Sans surprise, on y retrouve des fidèles de l’actuel premier ministre, tels que Onitiana Really Voaha­riniaina et Harry Laurent Rahajason (notre photo) propulsés respectivement à la tête de la direction du cabinet civil et de la communication de la présidence de la Grande Ile. Ceux qui avaient déjà du mal à digérer la résurrection politique de Hery Rajaonarimampianina après son passage à Iaovohola de 2014 à 2018 apprécieront. Mais, rien ne trouble probablement autant que les transactions observées à la Haute cour constitutionnelle.

Dans un stratagème assez grossier, qui traduit des visées électorales précises, la présidence de la République a prétexté à la démission de trois Hauts conseillers constitutionnels pour procéder sans délai à leur remplacement. Mais, ces derniers ont immédiatement adressé un démenti, mettant à mal les dires du palais Iahovola et créant un embarras perceptible dans les hautes sphères de l’Etat. La procédure de nomination desdits hauts cadres étant réglementée, dont la nécessité de démissionner pour passer le témoin à un autre, on imagine bien les fortes pressions exercées sur les trois magistrats issus de l’ancien régime, y compris, des perquisitions et une convocation à la présidence, pour tenter de les faire céder.

Elisa dans les bras de son époux Michaël Randrianirina lors de son investiture : La Gen Z oubliée ? Que le monde malgache est cruel !

Au fond, rien ne surprend dans les actes posés par le colonel-président. Bien qu’il ait voulu laisser récemment croire que seul le peuple malgache déciderait de s’il doit se porter candidat ou pas à la prochaine élection présidentielle, la machine est déjà en marche pour garantir sa participation. Sachant qu’il peut d’ores et déjà oublier le soutien de la Gen Z, qu’il a exploitée puis trahie en un temps record, Michaël Randrianirina n’a d’autres choix que de truquer un système électoral qui lui est défavorable en l’état, et dans lequel il n’a aucun poids. La seule surprise ici porte sur le fait que ses manigances aient débuté très tôt.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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