Répondant à une question posée lors de la conférence de presse qu’il donna pour clôturer sa visite officielle des 22 et 23 juillet 1999 au Togo, question qui était de savoir s’il avait abordé avec le président Eyadèma la polémique qui oppose le gouvernement togolais à Amnesty International ? Jacques Chirac répondit exactement ceci : « Je n’ai pas eu l’occasion de l’évoquer, peut-être, on l’évoquera tout à l’heure (lors du dernier entretien avant de quitter le Togo). Mais il s’agit là, je crois probablement, dans une large mesure, d’une opération de manipulation, puisqu’il n’y a aucun témoignage direct ou indirect sur les faits qui sont rapportés, ni des ambassades quelles qu’elles soient, ni des agences de coopération, ni des Ong, ni des observateurs étrangers qui étaient présents pendant cette période au Togo, ni des journalistes qui étaient également très nombreux et qui n’ont apporté aucun témoignage de cette nature. Donc on peut se demander d’où viennent ces informations, est-ce-qu’il n’y a pas là une sorte de manipulation ? Dans ce cas là, qui est à cette origine ? Si bien que je crois que le Togo a eu raison, le président a eu raison de porter plainte contre Amnesty International, mais surtout, de décider ce qui a été fait il y a deux jours je crois (le 20 juillet – ndlr), de demander une enquête internationale sur ces faits. Et je crois que le Togo a eu raison. Puisque cette enquête aura lieu, attendons ses résultats avant de porter un jugement quelconque » (Fin de citation de la conférence de presse de Jacques Chirac à Lomé).
Pour mémoire, relevons que le président Eyadèma avait bien porté plainte contre Pierre Sané. Mais la Commission de l’Onu et de l’Oua a exigé le retrait de celle-ci avant de commencer son enquête, ce qui est plutôt bizarre. Quant au rapport proprement dit de cette Commission, il ne donne ni raison ni tort à aucune des deux parties. C’est donc un jugement à la Salomon. Cependant, le caractère orienté de son travail a beaucoup lésé la partie togolaise qui était, en fait, la partie plaignante. Car il ne faut pas perdre de vue que c’est le gouvernement togolais qui a demandé sa création dans le but de montrer à la communauté internationale que dans cette affaire, il n’avait rien à se reprocher. Mais l’enquête a connu des manquements notables au point qu’on est en droit de se demander s’il fallait réellement demander la mise en place d’une telle Commission ?