ALLIANCE AFRICAINE ATLANTIQUE : Le Maroc au secours du Burkina Faso, du Mali, du Niger et du Tchad

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Invités en novembre dernier par le Maroc à rejoindre l’Alliance atlantique africaine, le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Tchad, ont chacun répondu favorablement, lors d’une réunion ce 24 décembre à Rabat. Née d’une vision panafricaine du roi, Mohammed VI, selon laquelle l’Afrique doit devenir un continent stable et prospère, cette alliance concernait, principalement, la vingtaine d’Etats bordés par l’Océan atlantique, mais a, ensuite, été élargie à ceux du Sahel.

Il aura donc fallu moins d’un mois à ces derniers pour saisir la main tendue par le royaume du Maroc, compte tenu des avantages évidents y étant inclus. Premièrement, l’accès à la mer réduira considérablement les obstacles liés à leur enclavement, lequel influait négativement sur leur volume d’exportations. Ainsi, le Burkina Faso, le Niger, le Mali et le Tchad seront dorénavant en mesure d’affirmer leur présence dans le commerce international, une fois que les infrastructures nécessaires au transport de leurs marchandises vers les routes maritimes auront été construites.

Deuxièmement, les investissements réalisés dans le cadre du désenclavement auront pour incidence de stimuler l’activité économique sahélienne, ce qui permettra d’accroître les productions nationales, et générer des emplois pour les populations locales, en particulier, les jeunes travailleurs, qui sont appelés à constituer l’essentiel de la population active d’ici 2050. Ce sera également l’occasion pour les gouvernements du Sahel de développer des processus de transformation en vue du renforcement de leur tissu industriel, et ainsi amorcer la sortie définitive de l’extrême pauvreté, qui les a longtemps caractérisés, tout en consolidant leur place parmi les pays exportateurs de produits semi-finis.

Troisièmement, s’attaquer à l’extrême pauvreté revient à lutter contre l’une des causes premières du djihadisme dans le Sahel. Engagés militairement contre ce fléau persistant, le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Tchad vont pouvoir observer un recul substantiel de l’extrémisme violent grâce aux retombées socio-économiques du regain de développement provoqué par l’accès à la mer. Bien qu’ils soient aussi maintenant confrontés au risque de piraterie assorti au transport maritime, les pays du Sahel sauront compter sur les efforts conjugués des autres membres de l’Alliance, plus expérimentés dans ce domaine, tels que la Guinée, qui n’hésiteront pas à se déployer pour préserver les intérêts communs.

Le divorce entre la France et ses anciennes colonies du Burkina Faso, du Mali et du Niger étant presque consommé, ces derniers continuent d’affirmer leur autonomie retrouvée en prenant des décisions pour améliorer le mieux-être de leurs populations. Quant au Tchad, dernier bastion de la France dans la sous-région, tout porte à croire que la voie suivie sera identique à celle de ses trois autres voisins, même s’il est peu probable que les relations franco-tchadiennes ne se dégradent au même point.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC

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