ANGOLA : Enfin le docteur Jonas Savimbi de l’UNITA va être inhumé par ses familles biologique et politique

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La dépouille du chef rebelle angolais, Jonas Malheiro Savimbi, tué au combat en 2002, a été remise vendredi, 31 mai, à sa famille pour être inhumée, samedi, 1er juin, lors des obsèques publiques, organisées à la suite d’un accord avec le gouvernement.

« Le gouvernement, l’UNITA (Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola, ex-rébellion) et la famille se sont réunis et il a été convenu que la dépouille soit rendue à la famille dans la matinée (de vendredi 31 mai 2019) », a déclaré Sheya Savimbi, le fils aîné de Jonas Savimbi.

« Nous avons reçu les garanties du président, Joao Lourenço, que le corps nous sera remis le 31 mai », a, de son côté, déclaré à la presse, Isaias Samakuva, l’actuel chef de l’UNITA, aujourd’hui, principal parti d’opposition.

Les autorités angolaises devaient, initialement, confier, mardi, 28 mai, l’urne contenant les restes du chef de l’UNITA à sa famille et à sa formation.

Mais, Luanda d’un côté, et l’UNITA et la famille Savimbi, de l’autre, se sont, mutuellement, accusés d’avoir modifié le lieu où devait se tenir la cérémonie.

L’UNITA a, d’abord, affirmé que Luanda « cherchait à l’humilier ». Le gouvernement a mis en garde l’UNITA de vouloir « faire un usage politique de la situation ».

Finalement, décision a été prise, jeudi, 30 mai, soir, que la dépouille serait remise, le lendemain, vendredi, à Andulo (Centre), à moins d’une heure de route du village familial de Lopitanga où les obsèques sont prévues.

« Ce qui s’est passé mardi n’était pas un bras de fer mais un malentendu », a estimé Isaias Samakuva, tentant jeudi soir de calmer le jeu.

Une fois remise à sa famille, l’urne doit être transportée vendredi à Lopitanga, où elle sera veillée toute la nuit sous une tente avant les obsèques samedi, selon Sheya Savimbi.

Partisan de l’indépendance (véritable) de l’Afrique et de l’indépendance totale de l’Angola, ancienne colonie portugaise, d’un charisme inversement proportionnel à la discrétion de son ancien rival aujourd’hui ancien président, Ingénieur José Eduardo dos Santos, Docteur Jonas Savimbi avait été tué lors d’un accrochage avec les forces gouvernementales angolaises le 22 février 2002, après un signalement des Services américains, qui avaient réussi à détecter le lieu où il avait décidé de camper pour passer la nuit avec ses troupes. Allié des Etats-Unis contre le communisme que prônait le MPLA, il avait, pendant plusieurs années, été soutenu par d’autres puissances occidentales (notre photo où il est reçu dans le Bureau Ovale par le président américain Ronald Reagan le 30 janvier 1986). Mais, l’Union soviétique ayant été vaincue et le communisme démantelé en Europe de l’Est, Docteur Jonas Savimbi, fut prié, par ses amis occidentaux dont les Américains, à trouver un terrain d’entente avec son ennemi du MPLA, revirement qu’il refusa d’admettre. C’est ainsi qu’il devint la cible, à la fois, des Américains (ses anciens alliés) et du pouvoir de Luanda, qui acceptait de composer avec les puissances occidentales. Il trouva la mort pendant l’attaque lancée contre lui, le 22 février 2002, alors qu’il aurait été convenu avec les Américains de le capturer vivant. Sa mort avait, cependant, mis fin à la guerre civile qui durait depuis l’indépendance de l’Angola en 1975.

Désormais, seul face à une rébellion qui ne pouvait fonctionner sans le charismatique docteur, Jonas Savimbi, Ingénieur, José Eduardo dos Santos, pouvait régner en maître absolu dans le pays. Jusqu’à son départ volontaire du pouvoir en 2017.

Il avait été enterré à la hâte par des soldats angolais à Luena (Centre), non loin, de là où il avait été tué. Le pouvoir craignait, sans doute, des débordements s’il avait conservé la dépouille du célèbre maquisard.

Depuis, sa famille et l’UNITA cherchaient à organiser des obsèques en bonne et due forme à Lopitanga, conformément, à ses souhaits. Mais, il a fallu l’arrivée à la présidence de la République de Joao Lourenço, en septembre 2017, et à la présidence du MPLA (Mouvement populaire de libération de l’Angola), en septembre 2018, pour que l’Angola solde ce douloureux passé avec l’UNITA en attendant de faire de même avec le FLEC (Front de libération de l’enclave de Cabinda), qui est un mouvement indépendantiste armé fondé en 1963, actif au Cabinda, et qui lutte pour l’indépendance de ce territoire contre l’occupation illégale de l’Etat angolais. Luanda, par contre, considère cette portion de territoire comme faisant partie intégrante du territoire angolais. Un dialogue de sourds qui dure depuis plus de cinquante ans.

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