BASSIN DU CONGO : Le « Fonds bleu » lancé à Oyo pour servir l’environnement est-il mort-né ?

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La ville d’Oyo, à 400 km au Nord de Brazzaville, fief du président, Denis Sassou Nguesso, que balaie le fleuve Alima, vient d’abriter, les 8 et 9 mars, les cérémonies de lancement d’un « Fonds bleu pour le Bassin du Congo ». Objectif : subventionner des projets au profit des populations des pays concernés, à savoir, l’Angola, le Burundi, le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale, le Maroc, le Rwanda, la République démocratique du Congo, le Tchad, la Tanzanie et la Zambie. Si la conférence était ministérielle pour permettre la signature du mémorandum d’entente, deux anciens chefs d’Etat ont répondu présents, à l’invitation du président congolais : le Malien, Alpha Oumar Konaré et le Nigérian, Olusegun Obasanjo.

L’absence remarquée de certains ministres peut a priori s’expliquer par le contenu encore vague qui caractérise ce Fonds. Pour certains observateurs, son lancement à la va vite est jugé prématuré, et ressemble beaucoup plus à un coup de com du dictateur qui veut (à tout prix) qu’on (re)parle de lui, à l’international. Il faut dire que sa rencontre ratée avec Donald Trump, avant sa prise de fonction, le 20 janvier, à la Maison Blanche, lui est restée en travers de la gorge. Mais, il y a une deuxième raison beaucoup plus stratégique qui dégoûterait bon nombre de pays concernés : le « Fonds bleu » a certes été proposé par Denis Sassou Nguesso, à Marrakech, en novembre 2016, lors de la COP 22, mais, il l’a été sur une idée (poussive) de Richard Attias. Le secteur de l’environnement intéressant de plus en plus les bailleurs de fonds, c’est depuis ses New York Forum Africa, organisés à Libreville que Richard Attias (surtout son épouse Cécilia), tente de persuader les dirigeants d’Afrique centrale de créer un organisme pour la préservation de l’environnement. N’ayant germé ni au Gabon, ni en Centrafrique, cette idée semble être née avec la Fondation de Brazzaville pour l’environnement dont l’une des éminentes membres s’appelle Cécilia Attias. Elle aura, d’ailleurs, été la seule personne représentant un organisme privé, en l’occurrence, Brazzaville Foundation, à prendre la parole devant ce parterre de personnalités, à Oyo, en tant que porte-parole de la fondation. Un petit coup d’oeil sur l’organigramme de Brazzaville Foundation finit par convaincre les moins sceptiques sur les façons de faire de Richard Attias : comme membres, il est parti chercher des personnes tout à fait insoupçonnables comme Kabiné Komara, Sundeep Waslekar, le prince Philipp von und zu Liechtenstein ou l’ancien président Olusegun Obasanjo, pour ne citer que celles-là. Elles ornent la maison bien que l’initiative soit cousue de fil blanc car née de méthodes contestables qui ont laissé de mauvais souvenirs au Gabon avec le fameux New York Forum Africa.

Pour toutes ces raisons légitimes ou non, certains pays et non des moindres (bien que membres) n’ont pas jugé utiles d’y envoyer de représentant ministériel. Citons pêle-mêle la Zambie, la Tanzanie, le Rwanda, la Guinée équatoriale et le Cameroun. Quant à ceux qui ont envoyé un ministre, gageons que c’était pour faire, uniquement, plaisir au dictateur (notre photo)…

Deux grandes ambitions animeraient ce Fonds : la préservation des forêts et des eaux du Bassin du Congo, mais aussi, l’aide des populations à accéder à une meilleure qualité de vie. Ce sont des principes généraux qu’il faudra bien peaufiner si on veut que les bailleurs de fonds s’y intéressent. On en est loin pour le moment. Le représentant de la Banque mondiale à ce lancement, a informé les pays membres que son organisation pouvait être réceptive, car il s’agit d’un des domaines d’intervention de la Banque mondiale. Mais encore faudrait-il que les dossiers à soumettre soient pertinents.

Les projets éligibles aux financements du « Fonds bleu » sont ceux qui portent sur l’amélioration des voies navigables, la construction des petits barrages hydroélectriques, le renforcement des systèmes d’irrigation des sols, le développement de la pêche, de la pisciculture, de l’aquaculture et le développement de l’écotourisme, selon une note de présentation de l’initiative.

« Le « Fonds bleu » pour le Bassin du Congo sera alimenté sur la base des subventions, renouvelables chaque année, de 100 millions d’euros avec des engagements à long terme », ajoute la note.

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