SENEGAL : Décès en France du sociologue Jean Pierre Ndiaye

On ne dira pas le « panafricaniste » Jean Pierre Ndiaye car ce mot, utilisé à tort et à travers, ne veut plus dire grand chose, de nos jours où même les djihadistes du Mali et du Niger se disent panafricanistes. Jean Pierre Ndiaye était un grand lecteur d’Afrique Education. Mais, il le lisait en silence, sans faire part de ses états d’âme à notre rédaction. Sauf qu’un jour, il y a une douzaine d’années ou plus, de passage à la librairie, Présence Africaine, à Paris, où il avait certaines de ses habitudes, on fit connaissance et on échangea, longuement, comme de vieux camarades. Debout, pas dans un café. Visiblement, il était très content de cette rencontre. Nous aussi. Notre regret commun à tous les deux : L’absence d’un chef d’Etat africain courageux et clairvoyant, qui puisse accompagner les idées des Africains dans un magazine africain, sans se soucier de leurs états d’âme, et sans aucune censure. Abdoulaye Wade (avant même d’être président) l’avait fait pour Paul Bernetel de Demain l’Afrique. L’expérience fut long feu comme chacun sait. Wade ne récidiva pas. Omar Bongo en avait la capacité (financière) et même la volonté, mais il n’est plus. Aujourd’hui, c’est le désert total en Afrique. Une pauvreté morale indescriptible. Conséquence, la nourriture spirituelle dont se gavent les Africains est avariée car diffusée par ces chaînes et agences d’information non africaines qu’on critique à longueur de journées sans y apporter des alternatives. On peut comprendre les raisons de l’isolement voulu (ces dernières années) de Jean Pierre Ndiaye. Ce qu’on voit, ce qu’on entend, est à la longue fatiguant. L’âge de Jean Pierre pour justifier son silence de ces dernières années ? On dirait plutôt la déception d’avoir presque lutté pour rien. Notre ami est parti le 31 octobre à Argentat-sur-Dordogne, en Corrèze. Tristes condoléances à sa famille.

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