Quelque 164 films de tous formats sont en compétition, dont 20 longs métrages, pour la récompense suprême, l’Etalon d’or de Yennenga. Une cinquantaine de films seront, aussi, présentés hors compétition.
Depuis 1969, date de sa création, le Fespaco – devenu une biennale en 1979 – regroupe, chaque année impaire, tous les professionnels du 7e art africain et de sa diaspora lors d’une manifestation qui attire, pendant dix jours (jusqu’au 4 mars), plus de 100.000 spectateurs heureux de côtoyer acteurs et réalisateurs.
Comme à chaque édition, les organisateurs doivent faire preuve de trésors d’imagination pour assurer les projections et animations en dehors de la salle principale du Fespaco (1.200 places) et des six autres salles retenues : cinémas ambulants dans les quartiers, galerie marchande, écoles, villages voisins de Ouagadougou…
Cette manifestation populaire atypique avec une concentration de personnes à des endroits prévisibles et une dispersion géographique est un casse-tête sécuritaire alors que le pays fait l’objet de menaces de groupes djihadistes depuis 2015.
Le 15 janvier 2016, Ouagadougou a été frappée par une attaque sans précédent : un commando de trois djihadistes a fait irruption dans des hôtels et restaurants, abattant 33 personnes et blessant 71 autres. Le 12 décembre dernier, l’armée burkinabè a perdu douze soldats tués lors d’une attaque dans la zone frontalière du Mali et du Niger.
Pour les autorités, il n’était, toutefois, pas question d’annuler l’événement, une des rares manifestations qui contribue au rayonnement mondial de ce pays sahélien très pauvre.
Outre le 1,2 milliard de F CFA (2 millions d’euros) de budget financé par l’Etat, le gouvernement a assuré qu’un effort particulier était fait sur la sécurité, sans vouloir divulguer les effectifs de forces de l’ordre qui seront déployées.
« Toutes les dispositions ont été prises pour la sécurité des festivaliers même si le risque zéro n’existe pas », explique le commissaire, Paul Sondo, responsable de la sécurité. « Le Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (Siao, en octobre et novembre derniers), a été une expérience réussie en matière de sécurité et nous allons maintenir la cadence en essayant d’améliorer ».
On indique de source sécuritaire que les contrôles des salles et dans tous les espaces dédiés au Fespaco seront renforcés. L’armée sera sollicitée.
L’insécurité et le djihadisme sont, d’ailleurs, présents dans plusieurs films présentés au Fespaco qui avait, notamment, accueilli le film « Timbuktu » en 2015.
« Il y a une évolution certaine dans le cinéma africain avec une variété de thèmes abordés selon les générations de cinéastes, selon les pays, selon les différentes politiques de production ou de développement cinématographique dans les différents pays », déclare le délégué général du Fespaco, Ardiouma Soma. L’émergence du numérique et ses coûts moindres permettent de faire, davantage, de films.
« Le Fespaco est devenu un espace de la connaissance du continent africain », conclut-il.
Les vingt longs métrages en lice pour succéder à « Fièvres » du Marocain, Hicham Ayouch, sont issus de quatorze pays d’Afrique et de la Guadeloupe (Antilles françaises). L’Afrique de l’Ouest, avec sept pays et dix films, est la plus représentée.
Le réalisateur et dirigeant du 7e art marocain, Nour-Eddine Saïl, présidera le jury dans lequel siégeront de grands noms du cinéma et de la littérature d’Afrique et de la diaspora.
En marge du Fespaco se tiendra la 18e Mica, la bourse de programmes audiovisuels africains et sur l’Afrique. Une centaine de films devraient attirer producteurs, distributeurs, diffuseurs et porteurs de projets.
Le chanteur de reggae ivoirien, Alpha Blondy, sera, samedi, la grande attraction de la cérémonie d’ouverture.
Avec AFP