CAMEROUN : Maurice Kamto met le feu pour accéder au pouvoir

Date

L’opposant camerounais, Maurice Kamto, arrêté, lundi, 28 janvier, soir, après des manifestations (sauvages) non autorisées de son parti, va faire l’objet d’une enquête, notamment, pour « rébellion » et « incitation à l’insurrection ». C’est le moins qu’on puisse dire car Kamto avait prémédité son coup. De retour d’un voyage hors du Cameroun, il avait annoncé, il y a quelques jours, qu’il allait entreprendre de fortes actions de contestation, dès le 26 janvier, pour protester contre le hold up électoral dont il dit avoir été victime lors de la présidentielle d’octobre. De la parole aux actes, il a lancé des mots d’ordre qui ont abouti au saccage des représentations diplomatiques du Cameroun à Paris et à Berlin. On se demande si c’est de cette façon qu’il compte ravir le pouvoir à Paul Biya, qui, lui trône, tranquillement, à Etoudi (Yaoundé). Les deux ambassades vont rester fermées pendant plusieurs semaines outre le fait que la perte d’importants dossiers est à déplorer.

Un acte de provocation délibéré de la part d’un juriste émérite qui sait où frapper pour qu’on parle de lui. Car c’est de cela qu’il s’agit. L’élection présidentielle est passée et, déjà, oubliée. On se souvient que quelques heures après la fermeture des bureaux de vote, il avait, immédiatement, convoqué la presse pour annoncer sa victoire. Kamto avait été plus rapide que Lucky Luke. Pourtant son parti, le MRC, ne comptait pas plus de 7.000 représentants dans les 25.000 bureaux de vote d’Elecam. Par quelle magie s’était-il déclaré vainqueur autoproclamé à moins de chercher à créer des troubles qui allaient lui profiter ? Toujours est-il que, quelques jours plus tard, oubliant qu’il s’était autoproclamé vainqueur, il exigeait, cette fois, le ré-comptage des bulletins. Des zigzags qui ne sont pas de nature à crédibiliser sa démarche d’homme d’Etat qu’il veut devenir (sur notre photo Maurice Kamto à l’époque ministre délégué de la Justice aux côtés de son patron le Garde des Sceaux Amadou Ali).

Benjamin des grands partis politiques de l’opposition, le MRC veut brûler les étapes pour asseoir son rang de deuxième parti du paysage politique national. Pour y parvenir, il compte sur les complicités extérieures de son leader, ainsi que, sur le réflexe tribal de ses militants.

Au total, huit infractions lui sont imputées : « attroupement, rébellion en groupe, hostilité à la patrie, insurrection, trouble à l’ordre public, association de malfaiteurs, incitation à l’insurrection, complicité », a déclaré l’un de ses avocats, Me Sylvain Souop.

Finalement, de Maurice Kamto à Ayuk Tabe qui préside la fantomatique république de l’Ambazonie, emprisonné au SED, depuis plusieurs mois, on ne sait pas lequel des deux est le plus dangereux pour la survie du Cameroun comme Etat uni et indivisible.

Lors d’un point de presse, le MRC a démenti avoir organisé, samedi, 26 janvier, des manifestations à Paris et à Berlin durant lesquelles les deux ambassades du Cameroun ont été saccagées par ses militants et sympathisants. A supposer que le MRC dise vrai, il n’explique pas pourquoi les portraits de Paul Biya au sein de ses deux représentations diplomatiques ont, systématiquement, été brûlés et remplacés par ceux de Maurice Kamto.

Après être sorti deuxième à la présidentielle d’octobre (profitant amplement du fait que le candidat du SDF Joshua Osih avait été privé du vote de ses électeurs du Sud et du Nord-Ouest), Kamto voudrait, à tout prix garder son avantage de « deuxième » parti national lors des élections législatives et municipales prévues avant la fin de cette année. Il entend, à nouveau, surfer sur la crise dans le Sud et le Nord-Ouest pour faire un bon score dans la députation et les régionales. Voilà pourquoi il s’excite tant sauf que la manière choisie risque de le conduire droit au SED où il pourrait se retrouver en très bonne compagnie.

Envie d’accéder aux contenus réservés aux abonnés ?

More
articles

×
×

Panier