CAMEROUN : Pour travailler, les immigrés blancs devront avoir leurs papiers (parfaitement) en règle (comme en Europe)

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Pardi, pourquoi n’y avoir pas pensé depuis longtemps ? Dans tous les cas, mieux vaut tard que jamais. Désormais, au Cameroun, on ne débarquera plus avec un visa touriste et commencer un boulot dans une structure quelques semaines plus tard, sans réunir les conditions requises. Ce temps-là est terminé. Un groupe interministériel chargé de lutter contre la main-d’œuvre de nationalité étrangère a démarré, jeudi, 11 mai, des descentes inopinées dans des entreprises pour dénicher des travailleurs étrangers en situation irrégulière. Comme cela se passe en Europe et en Amérique du Nord, la structure fautive est frappée par une lourde amende et son employé est prié de se faire régulariser au plus vite. Les contrôles ont commencé dans la petite ville de Nanga Eboko (région du Centre) où prolifèrent les sociétés minières remplies d’employés étrangers qui ne respectent aucune législation. Les villes de Yaoundé et Douala, qui ne vont pas échapper à ces contrôles, abritent de véritables contingents de travailleurs étrangers en situation irrégulière.

Ces descentes sur le terrain sont la conséquence de l’expiration de la période de grâce qui avait été accordée par Ingénieur, Issa Tchiroma Bakary, ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle aux entreprises, qui emploient des travailleurs de nationalité étrangère en situation irrégulière (sur notre photo, le ministre accueille respectueusement la première dame du Cameroun Chantal Biya invitée à présider une cérémonie sous l’oeil très amusé du chef du protocole de la présidence Simon Pierre Bikélé). Situation irrégulière peut signifier que les travailleurs concernés ne sont pas titulaires d’un titre de séjour en règle et donc n’ont même pas le droit de séjourner sur le territoire national, tout comme ça peut vouloir dire qu’on dispose bien d’une autorisation de séjour mais pas pour travailler. Ce sont des situations qui sont régularisées dans les services de la main-d’oeuvre. Les entreprises utilisant cette qualité de personnel avaient jusqu’au 3 mai pour être à jour. Mais le Cameroun étant un pays où la corruption bat son plein, on préfère utiliser des passe-droits pour contourner la législation. Il faudra par conséquent que le groupe interministériel soit intraitable.

Dans un communiqué rageant, le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle a dénoncé cette situation : « Malgré les campagnes de sensibilisation, les contrôles sur le terrain et les mises en demeure adressées aux chefs d’entreprises, ceux-ci continuent d’employer une abondante main-d’œuvre de nationalité étrangère en marge de la réglementation en vigueur ». Ingénieur, Issa Tchiroma Bakary, n’a qu’à faire parler la « poudre » administrative. Il a le dernier mot et la législation est de son côté. Les chômeurs camerounais dont la plupart sont bardés de diplômes le regardent.

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