La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a annoncé, vendredi, 25 mars, qu’elle maintenait ses sanctions sur le Mali, faute d’accord sur le calendrier de transition. Pourtant quelques heures plus tôt, la Cour de justice de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) avait ordonné, jeudi, 24 mars, la suspension de sanctions prises en janvier contre le Mali après le manquement de la junte à son engagement de rendre prochainement le pouvoir à des civils. La CEDEAO montre, une fois de plus, qu’elle est une organisation ouest-africaine, qui ne respecte pas ses lois et réglements, et qui reçoit ses ordres d’une puissance étrangère.
La CEDEAO « invite les autorités de transition (du Mali) à adhérer au calendrier de 12 à 16 mois de transition recommandé » avant le retour des civils au pouvoir.
Elle maintient les lourdes sanctions économiques infligées au pays le 9 janvier 2022 lorsque la junte a affiché son intention de se maintenir plusieurs années à la tête du pays, annonçant qu’elle n’organiserait pas d’élections fin février comme prévu initialement.
En janvier, la CEDEAO avait, alors, ordonné la fermeture des frontières avec le Mali au sein de l’espace sous-régional et la suspension des échanges autres que de produits de première nécessité. Une sanction d’une rare radicalité qui, dit-on, avait ému plusieurs chefs d’Etat présents au Sommet, mais, qui avait été, activement, soutenue par le président de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara. Celui-là même qui abrite un gouvernement de l’opposition malienne en exil, à Abidjan, depuis fin février. Ayant vu le tollé que sa décision suscitait en Afrique, il s’est très vite ravisé en lui demandant d’être discret au regard de la totale illégalité de la démarche.

Ouattara s’y connaît en coups d’état. Car ancien chef-rebelle, il n’est parvenu, finalement, à la présidence de la République de Côte d’Ivoire, qu’après plusieurs tentatives de coups d’état avec sa rébellion des Forces nouvelles dont le sous-chef s’appelait Guillaume Soro actuellement en exil involontaire en Europe. On est étonné qu’il en veuille tant aux colonels putschites maliens qui le prennent visiblement pour modèle.
Les sanctions au Mali ont été maintenues malgré une ordonnance rendue, jeudi, 24 mars, par la Cour de justice de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), exigeant leur suspension. C’est sans précédent en Afrique de l’Ouest où l’état de droit marche désormais sur la tête.
Ces sanctions sont maintenues, également, malgré l’approche du ramadan et l’espoir d’un geste d’apaisement qui aurait joué sur les échanges et les prix à la veille d’une période de consommation accrue. Président en exercice de la CEDEAO, le Ghanéen, Nana Akufo-Addo, serait, selon ce qu’on dit, très influencé par la vision de son homologue de Côte d’Ivoire dans la gestion de la crise malienne. Ramadan pas ramadan, Ouattara n’en a cure, lui qui est un musulman qui mange le porc et consomme de l’alcool. Il ne va à la mosquée que pour des raisons de visibilité politicienne.
Pendant que le président ivoirien se réjouissait de la dureté des sanctions et de leur rapidité à faire plier la junte, leur impact potentiel sur le Mali, un pays pauvre et enclavé, a suscité une vive inquiétude, mais aussi, un large ressentiment, au-delà du Mali, contre les organisations régionales. Les autorités maliennes ont accusé la CEDEAO, et singulièrement, Alassane Ouattara, de se laisser instrumentaliser par la France, en pleines tensions diplomatiques entre Bamako et Paris. Ce qui n’est pas faux, Emmanuel Macron se vantant, depuis Paris, de donner des ordres aux dirigeants de l’Afrique de l’Ouest. On connaît lesquels…
Mi-février, un collectif d’avocats mandatés par le gouvernement malien avait saisi la Cour de justice de l’UEMOA de deux requêtes : l’une pour demander l’annulation de sanctions illégales selon eux, et une autre pour les suspendre.

C’est sur cette dernière requête que s’est prononcée la Cour de justice en attendant de statuer sur le fond. La Cour note qu’elle peut ordonner un sursis d’exécution en cas d' »urgence ». Les arguments de l’Etat du Mali quant à ce caractère d’urgence sont « fondés dans la mesure où (l’)application (des) sanctions risque d’entraîner des conséquences difficilement réparables au regard de l’impact social, économique et financier », dit-elle.
La CEDEAO a invité le colonel Goïta à prendre part à ce Sommet.
Mais, l’incontrôlable colonel malien a refusé d’y participer, sentant le piège, que lui tendaient ses ennemis intimes de cette organisation dont on connaît désormais la nuisance et l’inutilité. Goïta a, cependant, exprimé sa « disponibilité à interagir » avec les dirigeants ouest-africains par visioconférence, avant d’y dépêcher une délégation de quatre ministres dont le chef de la diplomatie, Abdoulaye Diop.





