CENTRAFRIQUE : Interdiction du film  » Nous, étudiants « 

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Le gouvernement centrafricain a interdit la diffusion sur tout le territoire de  » Nous, étudiants « , long métrage de 90 mn réalisé par un jeune cinéaste centrafricain de 27 ans avec le soutien de l’Alliance française.

Ce film dénonce les difficultés liées à la mauvaise gestion, à la corruption et au harcèlement sexuel auxquels sont confrontés, quotidiennement,  les étudiants du campus de Bangui.

Le film documentaire a été projeté à l’Alliance francaise de Bangui en présence de personnalités centrafricaines dont la ministre des Arts et de la Culture, qui a quitté les lieux avant la fin de la projection (sur notre photo dans son bureau à Bangui).

Interdit de diffusion en Centrafrique, ce film a été sélectionné à la Berlinale en février dernier, a reçu la mention Spéciale du Festival du Cinéma d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine en Italie et a été présenté au Festival du film documentaire à Saint-Louis au Sénégal.

Créée en 1997, l’Alliance française est un acteur majeur de la vie culturelle en Centrafrique. C’est un des derniers espaces dédiés à la culture et à la  formation dans la capitale centrafricaine. Elle est à l’initiative de nombreux événements culturels et dispose d’une médiathèque riche et renouvelée fréquentée par de nombreux élèves et etudiants centrafricains.

Le soutien apporté à ce film par l’Alliance française ne va probablement pas améliorer les mauvaises relations entre la France et la Centrafrique.

Il ne faudrait, cependant, pas que le seul espace culturel vivant de la capitale soit entravé dans son action par un gouvernement tenté d’en contrôler le fonctionnement, à défaut de lancer une enquête sur les accusations de dysfonctionnement concernant le campus de Bangui portées par le film.

Il n’y a eu, à ce sujet, officiellement, aucune réaction du président centrafricain, qui ne perd aucune occasion de rappeler qu’il a été enseignant.

L’Alliance française de Bangui est un espace de liberté. Elle s’est, entre autres, mobilisée pour le tournage du film « Camille  » concernant la photo-reporter, Camille Lepage, tuée d’une balle dans la tête, en 2014, en Centrafrique, dans des circonstances qui restent à élucider.

Reporters sans Frontières dénonce une enquête complètement à l’arrêt.

Patrick David

Docteur en droit

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