CENTRAFRIQUE : Les vérités de Maître (et non moins ancien premier ministre) Nicolas Tiangaye

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Qu’on ne compte pas sur Nicolas Tiangaye pour enrober ses phrases afin qu’elles fassent moins mal à Faustin Archange Touadéra, le président de la République. C’est clair que l’ancien premier ministre et célèbre avocat de profession, Nicolas Tiangaye, est en colère. De l’immobilisme de Touadéra. De la démagogie de Touadéra. De l’inconstance de Touadéra. De la navigation à vue de la politique de Touadéra. Des mensonges de Touadéra, etc. Là où les autres ténors de l’opposition préfèrent rester sans voix, lui, l’ancien premier ministre de 2013 à 2014 après avoir présidé pendant 13 ans la célèbre Ligue centrafricaine des droits de l’homme, met les pieds dans le plat, se faisant applaudir dans Bangui (jusqu’au kilomètre 5) et dans l’intérieur du pays. Car on dirait que le gouvernement a cessé depuis début 2019 de travailler pour le bien-être de tous les Centrafricains, et ne prépare que la réélection du président, Faustin Archange Touadéra. La colère de Me Nicolas Tiangaye réveillera-t-elle tous ceux qui dorment, aujourd’hui, dans l’opposition comme si le pouvoir leur administrait, chaque matin, une bonne dose de camomille pour les rendre, totalement, amorphes, passifs et inoffensifs, tout le long de la journée ?

A l’occasion de la fête nationale du Centrafrique, le 13 août, Faustin Archange Touadéra s’est exprimé lors d’une allocution radio et télévisée. Il était, particulièrement, attendu sur deux sujets sur lesquels il ménage à la fois la chèvre et le chou. Il s’agit de l’Accord de paix de Khartoum et de la question de la justice qui doit passer avant toute possibilité de réconciliation. Touadéra, lui, est en train de sacrifier la justice, en ne lui donnant pas les moyens d’investiguer sur le terrain. Cela dit, il est logique avec lui-même dans la mesure où il a donné, à ces mêmes rebelles, le gîte et le couvert en plein Bangui, dans de cossus bureaux ministériels ou de cabinets apparentés. Alors que, pour la plupart, leur place est en prison. Une attitude que lui seul et ses partisans du pouvoir comprennent, et non, la grande majorité des Centrafricains dont beaucoup ont perdu des êtres chers du fait des tueries massives de ces nouveaux amis politiques (rebelles) de Touadéra. Une situation d’autant plus intolérable pour le défenseur des droits de l’homme qu’est Nicolas Tiangaye quand on sait que sa spécialité depuis de longues années en Centrafrique est de traquer les gouvernements qui ne respectent pas les droits de la personne.

Le Forum 2015 tenu à Bangui sous la présidence de la présidente de transition, Catherine Samba Panza, avait consacré le principe de l’impunité zéro à l’égard de tous les crimes commis en Centrafrique. Il appartient à Faustin Archange Touadéra, son successeur, de ne pas remettre en question ce principe sacro-saint centrafricain pour ses seuls besoins électoralistes. Ce n’est un secret pour personne qu’après s’être reposé sur les Français pour se faire élire en 2016, contre toute attente, Touadéra mise, cette fois, sur les Russes pour récidiver son forfait. Une raison suffisante qui devrait persuader l’opposition à circonscrire l’industrie de la fraude électorale qui se prépare et qui, cette fois, devrait reposer sur le savoir-faire des Russes, des maîtres en la matière (sur notre photo, Nicolas Tiangaye en train d’échanger lors d’une cérémonie officielle avec Martin Ziguélé).

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