CENTRAFRIQUE/RUSSIE : Le distingué président Vladimir Poutine n’est-il donc qu’un affreux menteur ?

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La Russie (comme la Chine) a un principe : coopérer avec les Etats d’Afrique sans s’ingérer dans leurs affaires intérieures, contrairement, aux Occidentaux qui sont des donneurs de leçons devant l’éternel. De plus, la Russie n’a pas un passé colonial en Afrique, nommément, identifié, contrairement, aux pays occidentaux, qui avaient fait semblant de quitter l’Afrique en y restant pleinement. Alors, où est le problème quand un pays (malmené par son ancienne puissance colonisatrice) décide de prendre son destin en main, en s’alliant avec l’ennemi de son ancien colonisateur ? Voilà le cas de figure qui se pose en Centrafrique où, après avoir pris la poudre d’escampette en octobre 2016, en rapatriant sa Force Sangaris, à cause des coûts qu’elle générait dans le budget de l’Etat, la France est jalouse (c’est le mot exact), aujourd’hui, que le Centrafrique se trouve un nouveau protecteur pour l’aider à faire face aux menaces sécuritaires qui l’assaillent. Ce n’est pas juste de la part de Paris ! Les puissances occidentales, surtout, membres du Conseil de sécurité, devraient plutôt applaudir Moscou des deux mains. Mais, il y a qu’avec la présence des Russes en Centrafrique, les manœuvres de déstabilisation des uns et des autres ne passeront plus comme une lettre à la poste. Moscou les bloquera. Et cela énerve. Dès lors, pour ternir cette présence, on la salit de plusieurs manières, même en attentant à la vie de trois illustres confrères qui n’étaient là que pour faire leur métier. Mais la Russie n’étant pas un enfant de choeur, on la trouvera sur sa route si on lui cherche « noise ».

La Russie a assuré, vendredi, 3 août, que sa présence militaire en Centrafrique ne visait qu’à former les forces locales sans participer aux combats, après l’assassinat de trois journalistes russes qui enquêtaient sur la présence de mercenaires russes dans ce pays. Cela dit, la question qu’on se pose, c’est pourquoi la Russie ne participerait-elle pas aux combats aux côtés du Centrafrique si une demande officielle des autorités de Bangui lui parvenait en ce sens ?

Le reporter de guerre chevronné, Orkhan Djemal, le documentariste, Alexandre Rastorgouïev, et le cameraman, Kirill Radtchenko, ont été assassinés dans la nuit de lundi, 30 juillet, à mardi près de Sibut par des hommes armés, dans le Centre du Centrafrique.

Ils enquêtaient sur les activités dans ce pays de la société militaire privée, Wagner, qui s’est illustrée, notamment, en Syrie, pour le Centre de gestion des investigations, un projet lancé par l’opposant russe en exil Mikhaïl Khodorkovski.

En mars, Moscou avait annoncé avoir envoyé en Centrafrique cinq officiers et 170 instructeurs civils, qui, selon des experts occidentaux, pourraient appartenir à Wagner. Moscou dément.

Lors d’une conférence de presse, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a accusé certains médias de faire « tout leur possible pour déformer les informations et les choses réelles concernant la présence des instructeurs russes en Centrafrique ».

Déployés en Centrafrique « à la demande du président de ce pays (…), les spécialistes militaires russes ne participent pas aux combats, ils ne s’occupent que de formation », a-t-elle affirmé vendredi, lors d’une conférence de presse.

Actuellement, a-t-elle répété, « 175 instructeurs russes travaillent en Centrafrique, dont cinq sont des militaires et 170 autres sont des civils ».

« Avec l’assistance des spécialistes russes, quelque 600 militaires africains ont été formés et plusieurs d’entre eux ont déjà commencé à remplir la mission visant à lutter contre les groupes militaires illégaux et protéger la population civile », a-t-elle précisé.

Depuis début 2018, la Russie a déployé des instructeurs militaires en Centrafrique, livré des armes à l’armée nationale et assure la sécurité du président, Faustin-Archange Touadéra, dont le conseiller à la sécurité est un Russe.

Moscou avait réussi à obtenir une exemption afin de vendre des armes au gouvernement centrafricain. A Moscou, on précise que les armes livrées sont un don et non un achat du gouvernement centrafricain.

Approuvé par les pays voisins qui souffrent de la déstabilisation chronique qui frappe le Centrafrique, le programme russe vise à renforcer une armée en grande difficulté dans un pays où la majeure partie du territoire (80% selon certaines estimations) est contrôlé par des groupes armés.

En marge du Forum international économique de Saint Petersbourg, Vladimir Poutine avait rencontré Faustin Archange Touadéra pour évoquer les possibilités de coopération économique qui peuvent se nouer entre les deux pays pays (notre photo). Y a-t-il un crime que Bangui veuille faire des affaires avec Moscou ? Si oui, qu’on le dise à haute voix !

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