CENTRAFRIQUE : Validation prévue de la victoire de Touadéra par la Cour constitutionnelle

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L’Afrique francophone n’est pas l’Afrique anglophone où la justice peut annuler une élection présidentielle. C’est le cas du Kenya en 2017 et du Malawi en 2019 pour ne citer que ces deux pays anglophones. En Afrique francophone, c’est le contraire. Dans cette partie du continent, la justice donne l’impression d’être aux ordres du pouvoir politique. A titre d’exemple, le Conseil constitutionnel de Côte d’Ivoire, lors de la dernière présidentielle, a joué un rôle de caisse d’enregistrement et n’a pas été à la hauteur. C’est aussi le cas de plusieurs de ses consoeurs de la partie francophone d’Afrique, sauf peut-être le Sénégal et le Bénin où les Cours constitutionnelles, dans le passé, avaient refusé de se laisser marcher sur les pieds. Au Sénégal, c’est bien la Cour qui avait installé Abdoulaye Wade en 2000 alors que la pression politique s’exerçait sur son président pour laisser passer Abdou Diouf. Au Bénin, la Cour constitutionnelle depuis la présidente, Elisabeth Pognon, a une tradition d’indépendance. Ce n’est pas le cas ailleurs. On se pose, dès lors, la question de savoir si la colonisation est à l’origine de cet état de chose ? Autrement dit, la justice héritée de l’Angleterre coloniale est-elle plus équitable et plus indépendante que la justice héritée de la France coloniale ? La Cour constitutionnelle centrafricaine ne pouvait pas déroger à cette règle non écrite. L’ancienne présidente de la transition, Catherine Samba-Panza, quatre anciens premiers ministres (Nicolas Tiangaye, Mahamat Kamoun, Martin Ziguélé et Anicet-Georges Dologuélé) et deux anciens présidents de l’Assemblée nationale (Karim Meckassoua et N’Guendet), ont bien essayé de secouer le cocotier, en saisissant, Danièle Darlan, la présidente de la Cour constitutionnelle et en écrivant au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, pour dénoncer l’attitude (marchande) de son représentant local, le Sénégalais, Mankeur Ndiaye, qui aurait pris fait et cause pour le camp du pouvoir. Mais, rien n’y a fait. C’était sans doute trop demander à Danièle Darlan de porter une responsabilité que l’opposition n’a pas voulu ou su assumer pendant cinq ans, laissant Faustin Archange Touadéra, tourner en rond au vu et au su de tout le monde, pour demander après coup à la présidente de la Cour constitutionnelle le très lourd rôle de sauver la démocratie dans le pays. C’était trop lui demander.

Conséquence : la Cour constitutionnelle a validé la réélection au premier tour du président-sortant, Faustin Archange Touadéra, avec 53,16 % des suffrages, en rejetant les recours de ses rivaux qui arguaient, notamment, de « fraudes massives » et de l’impossibilité pour deux électeurs sur trois de voter.

Les recours des rivaux du président centrafricain Faustin Archange Touadéra ont été rejetés par la Cour Constitutionnelle. Ce dernier a été, officiellement, élu avec 53,16 % des suffrages.

La Cour a, toutefois, abaissé le taux de participation à 35,25 %, loin des 76,31 % des inscrits annoncés provisoirement le 4 janvier.

Antonio Guterres (sur cette photo avec Touadéra à Bangui en 2017) est considéré comme complice des mascarades électorales en Centrafrique et en Côte d’Ivoire. L’appeler au secours pour clarifier une situation ne sert strictement à rien. Son parti-pris pour les pouvoirs en place est systématique.

Président (très) mal réélu (à l’instar d’Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire), Faustin-Archange Touadéra aura du mal à faire son deuxième et dernier mandat, s’il ne s’assoit pas à la table de négociation avec non seulement, l’opposition, mais aussi, les groupes armés. Ceux-ci n’ont d’ailleurs pas abdiqué et pensent toujours chasser le président réélu du pouvoir avant de favoriser une transition à partir de laquelle sera organisée une élection présidentielle transparente et ouverte à tous (y compris à François Bozizé). C’est donc dire que le champagne qui va couler, ces prochaines heures, au QG de campagne de Touadéra doit est sablée avec modération. Car le plus dur (en matière de sécurité) est devant les Centrafricains.

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