Aussi pénible que ce soit pour moi de le répéter, encore ici, trois compatriotes, des figures bien connues, ont été condamnées à des peines d’emprisonnement par les tribunaux congolais. Deux anciens ministres, Benoit Koukebene et André Okombi Salissa. Le troisième, Jean Marie Michel Mokoko, ancien chef d’état-major des Forces armées congolaises.
Jean Marie Michel Mokoko et André Okombi Salissa, sont incarcérés à la Maison centrale d’arrêt de Brazzaville, en 2016 et 2017, au lendemain de leur participation, comme candidats à l’élection présidentielle congolaise de mars 2016, face au président Denis Sassou Nguesso, vainqueur dudit scrutin. Les deux purgent des peines d’emprisonnement de 20 ans, pour « atteinte à la sûreté de l’Etat et détention illégale d’armes.
Le ministre Benoit Koukebene (notre photo), de son exil forcé, hors du Congo, au sortir de la guerre meurtrière du 5 juin 1997, à Brazzaville, est condamné, dans le dossier Oxy de pétrole, pour dit-on, crimes économiques. Du Congo, son pays qu’il aime passionnément, il n’a plus qu’un vague souvenir, depuis …28 ans.
Diverses personnalités indépendantes congolaises et étrangères, non des moindres, ainsi que, des organisations non gouvernementales dont la Coalition tournons-la-page Congo, n’arrêtent pas de demander au président Denis Sassou Nguesso la remise en liberté de ces trois compatriotes. Invoquant, d’une part, des raisons humanitaires qui s’imposent à tous, comme une juste cause, ou tout au moins, comme une cause qui ne peut être combattue, dans son fondement même. De l’autre, la nécessité de promouvoir l’unité et la cohésion nationales au Congo, dans un contexte où le pays, au fil des événements douloureux qu’il connaît, a de plus en plus besoin de s’approprier ces deux valeurs.

Le gouvernement congolais a toujours affirmé que Jean Marie Michel Mokoko et André Okombi Salissa sont des détenus de droit commun et que la justice est indépendante, au Congo. Soit.
A l’occasion de 67 ème anniversaire de la proclamation de la République du Congo, le 28 novembre 2025, je me joins à ces autres compatriotes qui en appellent à la clémence, à la générosité et à l’esprit de solidarité du Président Denis Sassou Nguesso pour libérer ses deux anciens collaborateurs, Jean Marie Michel Mokoko et André Okombi Salissa, ainsi que, le ministre des Hydrocarbures du Président Pascal Lissouba, Benoît Koukebene.
C’est là un geste qui contribuerait à renforcer l’apaisement sur l’ensemble du territoire. Y affermir l’unité et la cohésion nationales, dans un contexte particulier. La grogne couve dans le pays, pour divers motifs sociaux, et le gouvernement congolais est dans une phase préparatoire de la perspective de l’élection présidentielle de mars 2026.
Même si comparaison n’est pas raison, le Président Denis Sassou Nguesso, par grandeur d’âme, pourrait se référer à l’exemple de son collègue Président algérien qui a tranché, au prix de mille et une négociations, avec la France et l’Allemagne, le cas de l’écrivain Franco Algérien Boualem Sansal. Celui-ci a été gracié, le 12 novembre 2025, par le Président algérien Abdelmadjid Tebboune, après un an de détention en Algérie, pour « atteinte à l’unité nationale et outrage à corps constitué, pratiques de nature à nuire à l’économie nationale et détention de vidéos et de publications menaçant la sécurité et la stabilité du pays ». Une libération qui est le résultat éclatant d’un intense travail diplomatique mené conjointement par la France et l’Allemagne.
Il semble que les relations tendues entre la France et l’Algérie, notamment, dues aux attaques de l’ancien ministre français Bruno Retailleau, aient retardé la décision de grâce. Elle serait peut-être survenue plus tôt. L’Allemagne ayant joué un rôle décisif dans cette remise en liberté, de l’écrivain Boualem Sansal, la considère comme un geste humanitaire et une vision politique à long terme.

La décision fort attendue par les Congolais du Président Denis Sassou Nguesso de remettre en liberté Benoit Koukebene, Jean Marie Michel Mokoko et André Okombi Salissa, à l’occasion de la fête de la République, le 28 novembre 2025, l’élèvera et le grandira. La grandeur de l’homme est dans sa décision d’être plus fort que sa condition. Au demeurant, le geste contribuerait à créer au Congo, les conditions d’une consolidation d’une concorde et d’une communion nationales aux fondements bien fragiles.
Par conviction personnelle, ma culture et ma formation, j’estime juste cette cause que je défends. Aussi, je ne me lasse pas de la répéter jusqu’à son aboutissement que je crois possible. Dieu a donné à toute cause une raison. A toute raison, une détermination.
Joseph Ouabari Mariotti
Ancien Garde des Sceaux du professeur Pascal Lissouba.





