CONGO-BRAZZAVILLE/GABON : Les manœuvres de Sassou-Nguesso (à Paris) pour évincer Ali Bongo Ondimba du pouvoir

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Le dictateur est (vraiment) à la manœuvre. Son fort, en général, c’est de savoir anticiper, c’est de sentir des opportunités et agir en conséquence avant tout le monde. Profite-t-il de l’état de santé précaire de son jeune homologue du Gabon, Ali Bongo Ondimba, pour tenter de lui régler (définitivement) son compte ? Toujours est-il que le bal des opposants et ennemis du président gabonais qu’il a organisé, ces derniers jours, à Paris, en marge de son séjour pour le Centenaire de l’Armistice, montre qu’il a un (odieux) plan dans la tête, lui qui ne fait rien pour rien.

Invité au Sommet de la Paix, à Paris, « L’homme de Paix » du Congo-Brazzaville a mis son séjour à profit pour dérouler une stratégie au Gabon. Les Gabonais ont, peut-être, été étonnés que l’époux de l’actuelle présidente du sénat, soit celui qui a été le premier à demander l’application de l’article 13 de la Constitution, qui consacre la vacance du pouvoir. Une vacance du pouvoir qui devrait, naturellement, profiter à son épouse qui préside le sénat et dont la particularité est que ses deux filles ont comme époux, Denis Christel Sassou-Nguesso, le fils du dictateur et futur secrétaire général du Parti congolais du travail (PCT) au pouvoir, et Franck Ping, le fils de l’ancien président de la Commission de l’Union africaine et ancien candidat contre Ali Bongo Ondimba à l’élection présidentielle d’août 2016.

Pendant son séjour à Paris, le dictateur a (entre autres opposants gabonais), longuement, reçu Jean-Pierre Leboumba Lepandou, l’ancien trésorier de la campagne présidentielle gabonaise de Jean Ping dont le principal sponsor en Afrique centrale ne fut autre que Denis Sassou-Nguesso. Si dans la vie, le très discret, Jean-Pierre Leboumba Lepandou connu sous le nom de « Coffre-Fort » au Gabon pour avoir été le richissime ministre de l’Economie et des Finances du patriarche dans les années 80, est, aussi, l’ex- beau père de Coco (Claudia Leboumba Lepandou née Sassou-Nguesso), la conseillère en communication du président du Congo, Leboumba n’a pas parlé que de sa famille. Il a surtout été question de la situation actuelle au Gabon. Pour dire les choses tout net, le dictateur s’est mis en embuscade pour placer son pion au Palais du Bord de Mer à la moindre occasion.

Ses échecs répétés ne le découragent pas outre mesure : Après avoir financé Jean Ping à la présidentielle de 2016 contre Ali Bongo Ondimba avec le résultat qu’on sait, il vient, cette fois, d’échouer, aussi, à faire appliquer l’article 13 de la constitution qui constate la vacance du pouvoir au Gabon. Dans les deux cas, il s’agit d’une manœuvre visant à évincer Ali Bongo Ondimba du pouvoir au profit d’un successeur dont il serait l’incontestable parrain. Ainsi, le Gabon repasserait sous la tutelle du Congo-Brazzaville comme il se disait, déjà, sous l’ère du patriarche même si cela n’avait rien de vrai.

Par le passé, le dictateur (sur notre photo avec Ali Bongo Ondimba) a, souvent, entrepris des manœuvres similaires, ailleurs, avec plus ou moins de bonheur :

Au Burundi, il avait, ainsi, financé le maintien au pouvoir du petit despote de Bujumbura (Pierre Nkurunziza) afin qu’il ne cède pas aux pressions de son opposition, d’une partie de son propre parti politique (le MCDD-FDD) et de la communauté internationale, qui lui demandaient, en choeur, de respecter la constitution en quittant le pouvoir en 2015, une constitution que Sassou lui-même avait refusé de respecter en la modifiant en octobre 2015 pour mourir au pouvoir. Aujourd’hui, il est le président à vie du Congo-Brazzaville.

En RDCongo voisine, le dictateur a été de ceux qui ont le plus appuyé Joseph Kabila pour qu’il réussisse son bras de fer avec son opposition et la communauté internationale. Actuellement, il est, certainement, ravi que l’opposition donne des signes de désunion qui montrent que le poulain de Kabila conservera la mangeoire.

En Centrafrique, il avait financé, avec moins de bonheur, lors de la présidentielle de 2015-2016, le candidat, Karim Meckassoua, un habitué de Mpila. Toujours, grâce à son entregent, Karim avait réussi à s’agripper au perchoir de l’Assemblée nationale d’où il vient d’être éjecté par Faustin Archange Touadéra pour manœuvres dolosives et déstabilisatrices.

Au Gabon, Sassou souhaiterait reprendre la main pour étendre son influence dans la sous-région de l’Afrique centrale où seuls continuent de lui échapper le Tchad, la Guinée équatoriale et le Cameroun. Et pour cause !…

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