Au lendemain d’un démenti de Bamako concernant la présence de mercenaires russes sur le territoire malien, un haut responsable de la diplomatie russe a affirmé, lundi, 27 décembre, que la Russie continuerait de fournir une aide militarisée au Mali via des filières étatiques. Soyons clair et précis : Le Mali a le droit de disposer de lui-même et il est tout simplement irritant, choquant, surprenant que la France (après avoir pris la poudre d’escampette dans le Nord-Mali où le djihadisme l’a forcée à quitter les lieux) refuse au Mali le droit de choisir un autre partenaire public ou privé, pour défendre son territoire. Oui, même si ce n’était pas dans ses intentions, le Mali, après le grand bavardage de la France, devrait vite signer avec le groupe russe Wagner ne serait-ce que pour montrer qu’il est totalement libre et indépendant d’organiser sa défense comme il l’entend et avec n’importe qui.
« Nous continuerons de défendre les intérêts légitimes de Bamako aux Nations-Unies ainsi que de fournir une assistance active à nos partenaires maliens dans les sphères militaires et militaro-techniques dans le cadre des filières étatiques », a déclaré Piotr Ilichev, directeur du service du ministère russe des Affaires étrangères pour les organisations internationales, d’après l’agence de presse RIA.
Dans cet entretien, ce diplomate de haut rang a expliqué que les dirigeants au pouvoir au Mali pouvaient coopérer avec les partenaires de leur choix pour combattre les insurgés islamistes, alors que la réduction des effectifs de l’Opération Barkhane engagée par la France risque selon Moscou de déstabiliser davantage la région.
Quinze pays engagés dans les efforts pour assurer la paix et la stabilité au Mali – dont la France – ont dénoncé, jeudi, 23 décembre, dernier, dans un communiqué commun, le déploiement de mercenaires russes du Groupe Wagner, soutenu par Moscou, sur le territoire malien. Ce tir groupé des quinze pays est une manœuvre de la France qui, voyant qu’elle n’arrive pas toute seule à empêcher le déploiement des mercenaires russes au Mali, a demandé le concours des autres pays européens. Une lâcheté qui pousse à se demander si le Mali, de son côté, a demandé le soutien des pays de la CEDEAO, ou de l’Union africaine, où il compte de grands alliés, pour signer avec Moscou ? Pourquoi la France ne combat-elle pas toute seule la décision du Mali à l’instar du Mali qui assume tout seul sa décision sans appeler personne au secours, pour coopérer avec les Russes ? La baisse de l’influence de la France au Mali est telle que Paris compte désormais sur les alliés pour tenir le cap ?
Les autorités maliennes de transition, au pouvoir après deux putschs militaires en moins d’un an (le renversement par l’armée du président Ibrahim Boubacar Keïta en août 2020, puis le renversement en mai dernier d’un premier gouvernement de transition associant civils et militaires) ont démenti samedi, 25 décembre, la présence de mercenaires russes dans le pays. Ce démenti sert uniquement à ménager les susceptibilités car les mercenaires de Wagner ont bel et bien commencé à être positionnés dans le pays.
Pour l’heure, on préfère parler de formateurs russes. En effet, le porte-parole du gouvernement de transition a précisé que des « formateurs russes » étaient présents sur le territoire malien dans le cadre d’un accord bilatéral entre Bamako et Moscou.
En octobre dernier, un avion cargo parti de Russie a livré quatre hélicoptères, des armes et des munitions au Mali, une opération réalisée selon les autorités maliennes intérimaires dans le cadre d’un accord commercial conclu entre les deux pays.
A Moscou, le président russe Vladimir Poutine a déclaré que le groupe Wagner ne représentait pas l’Etat russe, tout en précisant que les sous-traitants militaires privés avaient le droit de travailler n’importe où dans le monde sous réserve qu’ils n’enfreignent pas la loi russe.