Lorsqu’il arrivait au pouvoir en 2019 pour son premier mandat, Mohamed Ould Ghazouani avait déclaré une guerre sans merci à la corruption dans son pays. Celle-ci avait battu tous les records un an avant sa venue, plus personne parmi les populations ne croyant encore Nouakchott capable de se réformer. Si dans l’ensemble il y a bien eu un semblant d’amélioration, le fléau demeure, malgré six années de gouvernance, prétendument, axée sur lui.
Sous Mohamed Ould Ghazouani, la Mauritanie n’a pas fait mieux que de progresser de 7 places au classement mondial de Transparency International. En effet, passant de la 137ème place à la 130ème, entre 2019 et aujourd’hui, l’image projetée par la Mauritanie à l’étranger est mauvaise. Pourtant, l’élite à l’origine de cette situation, qui pille les caisses de l’Etat en continu, est connue. Seul obstacle, l’impunité dont elle bénéficie, même quand l’un de ses membres est pris en flagrant délit.
Qu’il s’agisse des rapports de la Cour des Comptes ou des dénonciations faites par des fonctionnaires animés par leur conscience morale, ou encore, d’activistes qui réclament simplement un meilleur cadre de vie pour les masses populaires, le constat de prévalence de la corruption et de ses conséquences n’est plus à démontrer. Au vu de cette situation, comment le pouvoir en place peut-il justifier toutes les poursuites contre et la condamnation de l’ancien président, Mohamed Ould Abdel Aziz ?
Pendant la prestation de serment de son second mandat, en août 2024, Mohamed Ould Ghazouani avait réaffirmé son engagement à lutter contre la corruption. Toutefois, des données communiquées par Transparency International font ressortir une stagnation de ce phénomène destructeur pour l’économie nationale. En clair, l’évolution de cette pratique se poursuit de manière linéaire, jetant le discrédit sur le gouvernement de Nouakchott et sur l’efficacité de ses réformes.

Le scénario qui se profile lentement à l’horizon 2029, date de fin du dernier mandat présidentiel de Mohamed Ould Ghazouani, conformément à la Constitution mauritanienne, est celui d’une répétition de l’histoire des déboires judiciaires pour corruption de Mohamed Ould Abdel Aziz, avec Mohamed Ould Ghazouani comme protagoniste principal.
Pour rappel, après avoir laissé le pouvoir, Mohamed Ould Abdel Aziz s’était vu infliger une peine de 15 ans de prison par son successeur, Mohamed Ould Ghazouani, qu’il purge actuellement.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)





