COTE D’IVOIRE : Dialogue imaginaire entre le séminariste Koffi et son oncle l’abbé Konan.

Date

Dans Matthieu 25, 31-46, Jésus affirme que si tu rends visite à un prisonnier, c’est à lui-même, Jésus, que tu as rendu visite.

-Oncle, dans Matthieu 25, 31-46, Jésus affirme que si tu rends visite à un prisonnier, c’est à lui-même, Jésus, que tu as rendu visite.

– Correct :

– Le chef Amangoua a fait la prison, non pour avoir massacré son peuple ou volé ses biens, mais pour avoir défendu notre village attaqué par des Blancs avec la complicité de quelques fils du village. Il a été emprisonné d’abord à Minignan, puis en Espagne. Hormis un ou deux, les « hommes de Dieu » ne sont pas allés le voir. Ne voulaient-ils pas fâcher l’homme que les Blancs ont installé à la place d’Amangoua ou pensaient-ils que ce dernier méritait son sort et qu’il mourrait en exil ?

– Je ne sais pas, neveu. Ce que je sais, c’est que Amangoua a été acquitté, qu’il est revenu au village et que nos patrons sont allés lui rendre visite, il y a quelques jours.

– Justement, c’est ce qui me dérange un peu, cher oncle. Car Jésus a dit : » Tu m’as rendu visite quand j’étais en prison, pas après que je suis sorti de prison. » La visite de nos patrons n’aurait-elle pas plus de sens si elle avait eu lieu au moment où le chef Amangoua était en détention ? Ne crois-tu pas que ça lui aurait fait du bien ? »

– Tu as raison, cher neveu, mais c’est aussi cela, l’incohérence, l’hypocrisie et la misère des hommes : dire de belles choses sur la justice, la compassion et faire preuve de lâcheté au moment de les mettre en pratique.

– Je suis sûr qu’Amangoua a pardonné à ces lâches et peureux, sinon il ne les aurait pas reçus dans sa cour. On peut lui reprocher beaucoup de choses, on peut ne pas être d’accord avec certains actes qu’il a posés depuis qu’il est revenu parmi nous, mais il a eu le comportement d’un grand homme, ce jour-là. Je lui tire mon chapeau. Moi qui suis séminariste, je ne serais pas capable d’un tel pardon. Soit j’aurais refusé leur visite, soit je les aurais reçus mais pour leur poser cette question : un « homme de Dieu » qui n’est pas capable de dire la vérité, de dénoncer l’injustice ou de rendre visite à un prisonnier qui n’a fait que défendre son village, à quoi sert-il ?

Il est temps que les « hommes de Dieu » comprennent que le Dieu des hommes préfère la justice et la compassion aux holocaustes.

Toute ressemblance avec des personnes réelles n’est que fortuite.

JCD

Envie d’accéder aux contenus réservés aux abonnés ?

More
articles

×
×

Panier