COTE D’IVOIRE : Il est temps de prêcher par l’exemple

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Aujourd’hui a eu lieu en l’église Saint-Jean de Cocody la messe d’aurevoir à Mgr Paolo Borgio affecté à la nonciature de Beyrouth (Liban). Pourquoi quitte-t-il si tôt notre pays où il venait de déposer ses valises ? Ce n’est pas de cela que nous voulons parler dans ce post. Ce qui nous intéressera, c’est le commentaire de Galates 3, 27-28 fait au cours de la messe par Mgr Ignace Bessi Dogbo, archevêque de Korhogo et président de la Conférence des évêques catholiques de Côte d’Ivoire. Entre autres choses, Mgr Bessi a affirmé que ceux qui ont revêtu le Christ ne devraient pactiser ni avec la discrimination ni avec l’exclusion. Il a reconnu, dans un deuxième temps, que, malheureusement, il y avait de la discrimination et de l’exclusion dans notre église catholique de Côte d’Ivoire.

J’interviens ici, non seulement, pour le féliciter pour ce constat lucide et vrai, mais aussi, pour aller plus loin que lui en soulevant un cas précis. Il s’agit de l’affectation des évêques. En ce moment, 10 diocèses sur 15 (Abidjan, Bondoukou, Bouaké, Daloa, Gagnoa, Grand-Bassam, Korhogo, Odienné, Yopougon et San-Pedro) sont dirigés par des évêques akans. Et 6 de ces évêques sont originaires de l’archidiocèse d’Abidjan.

Après Mgr Jean-Baptiste Boivin, l’archidiocèse d’Abidjan n’a été administré que par des Akans (Yago, Agré et Kutwã) comme si ce diocèse était la propriété privée des Akans et des prêtres d’Abidjan. Cela est-il normal ? Cela ne contredit-il pas les paroles de l’apôtre Paul selon lesquelles il n’y a plus ni Juifs ni Grecs en Christ ? Le successeur de Jean-Pierre Kutwã viendra-t-il d’un autre diocèse ? Sera-t-il un Sénoufo, un Gouro, un Bhété, un Kroumen, un Dida ou un Wê ?

Encore une fois, je dis sincèrement bravo à Mgr Ignace Bessi (notre photo) pour avoir admis que le tribalisme, un des maux qui gangrènent notre église, n’a rien à voir avec l’évangile mais, plus que les beaux discours, nous attendons de lui et des autres prélats des actions concrètes car, comme le disait Paul VI, « l’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres ou, s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins » (déclaration faite à l’audience générale du 2 octobre 1974).

Oui, chers évêques et archevêques de Côte d’Ivoire, montrez-nous, par des actes concrets, que l’église de Jésus-Christ est universelle et non la chasse gardée de tel ou tel groupe ethnique.

Jean Claude Djereke

est professeur de littérature à l’Université de Temple (Etats-Unis).


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