COTE D’IVOIRE : Les dirigeants du PDCI sont-ils en train de creuser leur propre tombe ?

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Epître aux caciques du PDCI. C’est un courrier que notre frère, le professeur, Jean-Claude Djereke, écrit aux responsables de ce parti septuagénaire, afin qu’ils sachent prendre leurs responsabilités historiques. Content que le PDCI a su tenir tête à l’ogre (au pouvoir) en refusant d’intégrer le nouveau parti, RHDP, il est, totalement, déçu que le même PDCI n’ait pas été capable de boycotter les élections du 13 octobre alors qu’il est conscient qu’avec cette Commission électorale Pro-RDR (contrairement aux promesses de l’ogre de la réformer), il va tout droit à l’abattoir.

Chers compatriotes, Bonjour !

Je fais partie des personnes qui ont applaudi des deux mains quand vous avez rejeté la dangereuse et indécente proposition du RDR d’aller au parti unifié avant les élections de 2020. Depuis ce moment-là, je n’ai cessé de m’intéresser à ce qui se passe dans votre formation politique : ce que vous dites et ce que vous faites. Il y eut, ensuite, la participation de votre jeunesse à l’important meeting organisé le 15 septembre à Anono par les jeunes d’Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS). Cette participation me fit chaud au cœur, même si j’adhère à l’idée que les meetings ont atteint leurs limites et que le moment est venu d’envisager de nouveaux moyens de pression. Dans mon entourage, on était plutôt sceptique ; on pensait que vous étiez juste de bons danseurs de tango, des partisans du “un pas en avant, deux pas en arrière”. Bref, on estimait autour de moi que le parti septuagénaire n’avait pas changé et qu’il fallait attendre les élections du 13 octobre pour voir s’il n’allait pas tourner casaque !

Ouattara s’est adressé à la nation ivoirienne, le 6 août 2018. En vous appuyant sur cette adresse (une litanie de fausses promesses, en réalité), à la veille de notre pseudo-indépendance (nous aurons la vraie indépendance quand nous accepterons d’affronter et de terrasser les ennemis extérieurs et intérieurs de notre liberté et souveraineté), vous avez demandé au tyran une refonte de la Commission électorale ainsi que le report des élections municipales et régionales du 13 octobre 2018. Avec son arrogance et son mépris habituels, il vous a répondu que les élections étaient maintenues à la date fixée et que la réforme aurait lieu plus tard. Beaucoup d’Ivoiriens, y compris dans votre famille politique, s’attendaient à ce que vous fassiez ce que des personnes sensées et ayant le patriotisme et le souci de l’intérêt général chevillés au corps, feraient en pareille circonstance : boycotter, voire, empêcher, ces élections gagnées d’avance par le parti de Dramane Ouattara puisque le bourrage des urnes, l’achat des consciences et la violence (inscrite dans l’ADN du RDR) seront au rendez-vous. Ils croyaient, ces Ivoiriens, que vous vous ressaisiriez enfin et que vous ne toléreriez pas cet énième oukase. Mais, contre toute attente, vous avez décidé de participer à ces élections bidon, vous accommodant ainsi, une fois de plus, de l’immonde dictature qui martyrise notre pays depuis le 11 avril 2011 (date de l’arrivée au pouvoir de l’ogre, ndlr).

Non contents d’avoir contribué à détruire le pays que vous prétendez avoir construit, vous refusez aujourd’hui de le voir se relever. Vous tirez vers le bas votre jeunesse engagée aux côtés des jeunes d’EDS et prête à livrer bataille pour sortir le pays du marasme dans lequel vous l’avez plongé avec le RDR. Certes, on vous savait partisans du gain rapide et facile, raison pour laquelle vous avez travaillé avec tous les régimes. Certes, la lutte est étrangère à votre philosophie mais de là à vous déculotter aussi facilement devant un vaurien et à valider avec empressement la mascarade électorale que s’apprête à organiser cette CEI illégale et périmée, je me disais qu’il y avait un pas que vous n’oseriez pas franchir.

“Se tromper est humain mais persévérer dans le mal est diabolique”, a-t-on coutume de dire. C’est votre droit de persévérer dans le mal. Souffrez néanmoins que l’on vous pose les questions suivantes : Serait-ce là la signification du fameux “J’irai jusqu’au bout” de Konan Bédié ? Voulez-vous aller jusqu’au bout de votre destruction de la Côte d’Ivoire ? Mais le “jusqu’au bout” pourrait signifier aussi que vous êtes capables d’aller jusqu’au bout de l’indignité et de la médiocrité, à moins que vous ne nous prouviez le contraire avant le 13 octobre.

Jean-Claude DJEREKE
est professeur de littérature à l’Université de Temple (Etats-Unis)

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