COTE D’IVOIRE : UN PREMIER MINISTRE RDR DE CONSENSUS EST-IL LA MEILLEURE SOLUTION ?

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Depuis le début du conflit qui oppose le gouvernement de Laurent Gbagbo à la rébellion armée qui contrôle le Nord de la Côte d’Ivoire, la France est – et c’est le moins qu’on puisse dire – dans une situation inconfortable. La presse locale, avec la complicité active des autorités qui ne sont pas loin de penser comme elle, ne s’embarrasse plus de formules pour lui montrer son parti pris. Les propos très véhéments que tiennent régulièrement les quotidiens abidjanais sur l’attitude de Paris par rapport au conflit qui secoue la Côte d’Ivoire, justifient largement le déplacement que Dominique de Villepin effectue depuis le 26 novembre, à Abidjan, et dans plusieurs pays de la CEDEAO, dans le but de se concerter avec les chefs d’Etat concernés. Pour vous permettre de situer le degré d’incompréhension qui existe entre la Côte d’Ivoire et la France, voici ce que le quotidien quasi-gouvernemental, Notre Voie, disait dans son édition du 20 novembre à l’endroit de Rénaud Vignal, ambassadeur de France en Côte d’Ivoire. Des propos qui sont d’une franchise comme ne savent l’être aujourd’hui que les journalistes : « Haineux, suffisant, défendant des intérêts illégitimes, sans état d’âme ni respect, xénophobe à la limite, il (l’ambassadeur) aura beaucoup contribué à détériorer les rapports entre la France et le peuple ivoirien de telle sorte que désormais, ceux-ci ne se situent plus qu’au niveau administratif, entre officiels et encore ! ». Dans sa parution du 25 courant, Notre Voie a encore frappé plus fort.

J’ignore si les relations entre Abidjan et Paris auraient été aussi exécrables si le socialiste Lionel Jospin avait gagné la présidentielle de mai 2002. Le monde d’aujourd’hui a ses réalités que les Ivoiriens ne changeront pas. Prier le président Laurent Gbagbo de faire très attention, est une litote. Dans la situation qui est la sienne, il doit savoir qu’on n’élève pas la voix quand, en se couchant le soir, on ignore de quoi demain sera fait.

Si le président ivoirien compte (encore) quelques amis honnêtes quelque part sur cette terre, il est temps qu’ils lui disent franchement qu’il est minuit moins cinq. Avec le retrait des membres du Rassemblement des républicains (RDR) de la coalition gouvernementale, son pays (ou ce qu’il en reste) vient de franchir un nouveau pas vers l’escalade qu’on voit venir progressivement. Pour la désamorcer, le président se doit de couper l’herbe sous les pieds de ses adversaires en se faisant violence dans l’intérêt supérieur de la Côte d’Ivoire.

Les rebelles demandent l’instauration d’un nouvel ordre politique qui passe (entre autres) par la désignation d’un premier ministre consensuel aux pouvoirs élargis. Tout étant négociable, rien n’empêche que, de concert avec Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara, il définisse le profil de ce premier ministre qui serait à rechercher dans les rangs du RDR d’Alassane Ouattara. Objectif : montrer aux musulmans du Nord qui se sentent exclus qu’ils appartiennent, aussi, à part entière à la Côte d’Ivoire.

Ce premier ministre musulman du Nord issu des rangs du RDR formerait un gouvernement d’union dans lequel toutes les grandes formations politiques seraient représentées. Il aurait pour tâche de mettre en œuvre, sous la haute autorité du président de la République, tous les points d’accord qui sortiraient de la médiation conduite par le Sage de l’Afrique, Gnassingbé Eyadèma. Cela suppose que les délégations gouvernementale et des assaillants, à Lomé, respectivement conduites par Laurent Dona Fologo et Guillaume Soro, fassent preuve d’une grande responsabilité et se gardent de jeter régulièrement de l’huile sur le feu en prenant des positions fracassantes ou en faisant des déclarations intempestives qui portent atteinte à la dynamique des travaux.

Cela dit, je reste convaincu, pour ma part, que le début de solution à cette crise est dans le retrait concerté de la présidentielle d’octobre 2005 des trois principaux leaders politiques de Côte d’Ivoire. En effet, si, ensemble, Laurent Gbagbo, Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara, annoncent (non pas leur retrait de la vie politique) mais leur décision de ne pas se présenter à la présidentielle de 2005 parce que l’intérêt supérieur de la Côte d’Ivoire le leur commande (après tout ne sont-ils pas ensemble à la base de la situation que vit le pays actuellement ?), ce serait la moins mauvaise solution pour permettre le retour à la stabilité du pays de feu Félix Houphouët-Boigny.

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