COUR PENALE INTERNATIONALE : Le président Cyril Ramaphosa sous pression à cause de Vladimir Poutine

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Depuis que la CPI a émis un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine, le président de l’Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa, a du mal à trouver le sommeil la nuit. Pourquoi ?

Premièrement, parce que l’Afrique du Sud est un des 33 Etats parties africains du Traité de Rome, ce qui veut dire qu’elle est, légalement, tenue d’appliquer cette décision de justice, si le dirigeant du Kremlin venait à fouler son sol.

Deuxièmement, parce qu’elle organisera le 15ème Sommet des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), qui se déroulera en août prochain, la participation du président russe ayant, d’ores et déjà, été confirmée par Dr. Naledi Pandor, la ministre sud-africaine des Affaires étrangères.

Cyril Ramaphosa dont la côte de popularité dans son pays est au plus bas depuis le scandale des importantes sommes d’argent retrouvées dans le canapé de l’une de ses résidences, doit maintenant faire face à un scenario pouvant impacter les relations de l’Afrique du Sud au niveau international.

En effet, si Vladimir Poutine décide de se déplacer, physiquement, pour cet événement, et n’est pas aussitôt livré à la CPI, l’Afrique du Sud perdrait toute crédibilité auprès de ses partenaires, surtout, qu’il s’agirait d’une récidive pour la nation africaine, après l’épisode de l’ancien président soudanais, Omar el-Béchir, en 2015, qui était visé par un mandat du même type sans toutefois être arrêté. Sur ordre du président sud-africain de l’époque, Jacob Zuma, le président soudanais fut exfiltré via un aéroport militaire alors que les services judiciaires locaux actionnés par la CPI étaient à sa recherche pour mettre la main sur lui. Jacob Zuma avait, ainsi, évité un scandale car on n’imagine pas ce qu’il aurait eu à expliquer aux Africains s’il avait accepté de se transformer en bras armé de l’impérialisme occidental qui manifeste sa puissance à travers la CPI dont les personnes inculpées sont toujours du même côté. Jamais du côté occidental.

Sur un autre plan, arrêter le président russe entraînerait un divorce diplomatique entre Moscou et Pretoria, suivi d’une série de répercussions dramatiques qui s’étendraient au-delà de ces deux pays, et frapperaient les autres Etats membres des BRICS. C’est tout simplement inimaginable.

Bien heureux de ne pas être à la place de leur homologue sud-africain, les dirigeants des 32 autres nations africaines ayant ratifié le Traité de Rome (on ne sait pour quelle raison dans la mesure où la CPI ne leur apporte que des problèmes) suivront avec intérêt la suite de cette histoire, ce qui leur donnera une idée sur comment s’y prendre s’ils venaient à se retrouver dans la même situation.

Paul Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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