DIALOGUE POLITIQUE AU CONGO : Pas de François Lanceny Fall pour s’occuper de nos affaires, tonne Paulin Makaya de l’UPC

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Dans un communiqué qu’il avait récemment publié, le président du parti UPC (Unis pour le Congo), Paulin Makaya, avait, purement et simplement, éconduit le représentant spécial du secrétaire général des Nations-Unies en Afrique centrale, le Guinéen, François Lanceny Fall, qui ambitionne d’accompagner le processus du dialogue politique dont le but (véritable) est de permettre à Denis Sassou-Nguesso de briguer un autre mandat en 2021, avec, cette fois, moins de contestations. Car très (très) minoritaire au sein de l’électorat, Sassou qui n’a jamais gagné une présidentielle à la régulière, sait qu’il lui sera, particulièrement, difficile de passer en force, comme en 2016, avec la complicité de François Hollande à l’Elysée, qui, contre toute attente, avait marqué son accord pour que le dictateur modifie la constitution de son pays. Se sachant attendu au tournant, Sassou prend les devants en annonçant sa volonté de dialoguer. Ce processus qu’il gère et manipule de bout en bout met en scène les Nations-Unies dont l’actuel représentant en Afrique centrale est son ami personnel, mais aussi, le Conseil national de dialogue, qui est un démembrement de la présidence de la République. Et donc qui n’a aucune crédibilité ni neutralité.

Paulin Makaya est, décidément, le nouvel enfant terrible de la classe politique congolaise. Un des fils spirituels de Bernard Kolelas (le vrai Bernard quand il officiait comme maire de Brazzaville), il est le seul à avoir repoussé toutes les « avances » du dictateur cinq étoiles (entendez Sassou-Nguesso), contrairement aux deux fils Kolelas et à Hellot Mampouya, qui, eux, ont dû se jeter dans les bras du dictateur. Ils n’ont que leurs yeux, aujourd’hui, pour pleurer. Car ils ne bénéficient plus d’aucune considération dans leur électorat du Pool : les militants, bien que silencieux, voient très bien comment ils se jouent d’eux.

Paulin Makaya a, donc, pris sa plus belle plume pour faire une déclaration assassine à l’endroit des Nations-Unies et de leurs envoyés spéciaux en Afrique centrale que Sassou-Nguesso manipule à souhait. Voici les grandes lignes de cette déclaration :

« Après l’observation et l’analyse des démarches entreprises par certains cadres originaires de l’Afrique de l’Ouest sous le couvert des Nations-Unies, le parti UPC dénonce le comportement tendant à soutenir les régimes en place dans les Etats de l’Afrique centrale ».

« En effet, à cause de la complicité du Sénégalais, Abdoulaye Bathily, représentant spécial du secrétaire général des Nations-Unies pour l’Afrique centrale, le Congo n’a pu sortir de la crise aiguë ayant conduit au changement de la constitution du 20 janvier 2002, votée par référendum après le retour du général Denis Sassou-Nguesso au pouvoir. Et pourtant, en s’opposant au changement de ladite constitution, le peuple congolais n’avait fait que suivre l’exemple du vaillant peuple sénégalais qui avait rejeté le changement de la constitution sénégalaise sous le président Abdoulaye Wade ».

« Toujours sous le couvert des Nations-Unies, Yaya Moussa, représentant du FMI, lors des négociations entre le FMI et le Congo en vue de son accession au titre des PPTE, avait produit un rapport controversé, maintenant les pratiques financières du régime qui, du reste, n’ont pu sortir ce pays de la crise dans laquelle il se trouve jusqu’alors ».

« Aujourd’hui, encore, le tour revient au Guinéen, François Lanceny Fall, nouveau représentant spécial du secrétaire général des Nations-Unies pour l’Afrique centrale, qui soutient le régime de Brazzaville en imposant à l’opposition congolaise un schéma biaisé de sortie de crise, proposé par le régime en place, c’est-à-dire, un dialogue sous l’autorité d’un « Conseil national de dialogue » qui n’est qu’un instrument au service dudit régime ».

Paulin Makaya poursuit :

« Ce comportement irresponsable de nos frères de l’Afrique de l’Ouest pousse à croire que leurs préoccupations ne sont pas l’installation et le développement de la démocratie en Afrique centrale, alors que l’Afrique de l’Ouest avance sur ce plan. A titre d’exemple, le président, Denis Sassou-Nguesso, n’avait-il pas été récusé en qualité de médiateur lors de la crise ivoirienne ayant opposé Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara » ?

Ces représentants (très) spéciaux du secrétaire général des Nations-Unies, tous originaires, de l’Afrique de l’Ouest, semblent n’avoir pour unique préoccupation que le gain financier, quelle que soit la manière de l’obtenir.

Et de conclure :

« Face à ce comportement, l’UPC interpelle Monsieur le secrétaire général des Nations-Unies afin de demander à ses représentants de toujours travailler pour l’alternance, le développement de la démocratie et le bien-être des peuples » comme c’est le cas en Afrique de l’Ouest, leur région de provenance.

Et de menacer :

« Le parti UPC rejette le complot inavoué qui se trame entre François Lanceny Fall et le président, Denis Sassou-Nguesso, tendant à organiser un pseudo dialogue qui n’a pour seul but que l’obtention d’une élection présidentielle en 2021 pipée d’avance. Par conséquent, il tient pour seul responsable François Lanceny Fall de tout ce qui pourrait survenir dans notre pays ».

Pour n’avoir pas accepté les « avances politiques » du dictateur cinq étoiles, Paulin Makaya dont l’épouse vit à Londres, a été interdit de sortir du pays, après avoir purgé ses deux ans de prison, sans motif valable. On pense que Sassou redoute que cet électron libre, une fois en Europe, ne contribue à salir encore plus l’image d’un régime, déjà, totalement, ternie par, au moins, deux génocides pour lesquelles des plaintes ont été déposées auprès de certaines juridictions internationales, aussi bien, à Genève qu’à Paris.

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