Les présidents et régimes français changent, passent et trépassent. L’empire colonial français d’Afrique Noire, solide, lui, demeure et se porte bien.
Le mythe et les fantasmes de l’empire colonial – préjugés stupides, racisme primaire et autres poncifs coloniaux débiles – sont toujours là, vivaces. Décolonisation, indépendance : de belles fictions depuis 50 ans pour structurer, renforcer et rendre indolores la colonisation, l’humiliation multiforme des peuples africains, la tutelle et la soumission que Paris veut perpétuelles sur l’Afrique. Avec souvent hélas, la complicité, connue et visible ou non, de ses propres fils soi-disant gouvernants, traîtres professionnels bien stipendiés !
Cette bien incongrue histoire de célébration par Paris, en juillet 2010, des 50 ans (1960-2010) de ce qu’on prétend être les « indépendances » des pays d’Afrique Noire colonisés par la France et où ont été convoqués ses vassaux africains, en est la preuve la plus éclatante avant d’être suprême humiliation coloniale, cynisme et mépris flagrants pour les demeurés colonisés.
La puissance colonisatrice supposée avoir perdu son empire, ses colonies et perles vitalement juteuses avec logiquement l’indépendance et la souveraineté de celles-ci (comme l’Angleterre pour les USA et l’Inde, par exemple, ou encore le Portugal et le Brésil), en célèbre le Jubilé ! Du jamais vu dans l’histoire des nations et/ou des colonisations. Quel flagrant aveu (mère des preuves) que la décolonisation n’a jamais eu lieu !
Et l’avenir de l’Afrique avec ses grandes questions (démocratie en échec, mal-gouvernance chronique, dégradation sanitaire, sous-développement continu, jeunesse sacrifiée, famine, absence d’un siège au Conseil de Sécurité de l’ONU, école, sciences et technique, etc.) et celles de ses peuples maintenant ? Bien incertain, hélas ! Même si le continent n’est pas fatalement, obligatoirement condamné, perdu… Mais que de forteresse à forcer !
« Nous devons agir pour l’Afrique », rappelle, inlassablement, Paul Heutching.
L’auteur revient sur l’histoire du continent, depuis l’esclavage (traites et esclavages arabo-islamiques et européens) jusqu’à la colonisation, puis, la « décolonisation », suivie de la recolonisation. Une première partie qui fait le bilan de plus de 50 ans de prétendues indépendances, cachant, selon lui, une néo-colonisation perpétuelle, et qui passe en revue quelques pistes possibles, pour faire évaluer la situation.
Pour Paul Heutching, les principales clés du renouveau – qu’il aborde dans une deuxième partie, illustrée de nombreux exemples – sont :
La démocratie : liberté politique et d’expression, lutte contre la mal-gouvernance, le népotisme, les dictatures ;
Le patriotisme, historique, politique, économique, et la solidarité interafricaine ;
La technique et la technologie, indispensables à tout développement : éducation/formation, technologies, savoir-faire, santé, infrastructures, etc.
Comment aider au renouveau de l’Afrique, y enrayer la fuite des cerveaux ? Seul un « panafricanisme sérieusement et collectivement pensé, réfléchi, abondamment, débattu et organisé », permettrait peut-être l’éveil d’une Afrique indépendante et forte, conclut, avec espoir, Paul Heutching. De ces sujets, parlera-t-on à la Francophonie à Madagascar ?
« FRANçAFRICOPHONIE »
La « décolonisation » par la recolonisation
perpétuelle
de Paul HEUTCHING
Editions : Auteurs du Monde
284 pages – 17 euros