FRANCE/CONGO-BRAZZAVILLE : Macron va-t-il encore se faire avoir par le très rusé Sassou-Nguesso ?

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Jean-Marie Michel Mokoko est en route pour regagner son domicile à Brazzaville en homme libre ou au contraire pour regagner sa cellule à la Maison d’Arrêt ? Emmanuel Macron est quelqu’un d’intelligent, c’est incontestable. On ne devient pas Président de la France à moins de 40 ans par hasard.

En ce qui concerne l’Afrique, même s’il est évident qu’il n’était pas du tout sans savoir qu’il se passait tout un trafic de corruption entre les dictateurs africains et la France, il est cependant vrai qu’il n’y connaissait pas grand-chose en arrivant à l’Elysée mais comme le ferait toute personne dotée de bon sens, il a pris le temps de découvrir les hommes et leurs réseaux de relations.
 
Il connaît désormais parfaitement les principales figures de proue qui ont des liens très étroits avec les dictateurs africains, et leurs familles au plan affaires… 
 
Mais une chose est sûre, Emmanuel Macron a beau être jeune et moderne, en matière de politique africaine, il ne changera absolument rien (ce qui, à mon avis, est une grave erreur et je le lui ai déjà fait savoir à maintes reprises).
 
Mais a-t-il vraiment les mains libres ? Rien n’est moins sûr…
 
C’est indéniable, à ce jour, Emmanuel Macron n’a rien changé du tout. Comme tout nouveau venu, il tisse de nouvelles relations d’influence mais contrairement à son mentor et prédécesseur François Hollande, Emmanuel Macron, lui, a fait manifestement le choix (pour le moment) de ne pas bousculer les hiérarchies établies en la matière, et Jean-Yves Le Drian est resté la principale figure de proue au plan officiel… 
 
En effet, à l’instar de son mentor et prédécesseur François Hollande (lequel s’est toujours efforcé de s’identifier à François Mitterrand en poussant à l’extrême son machiavélisme), Emmanuel Macron a surtout voulu donner l’impression qu’il cassait avec une certaine pratique mais en réalité, il continue exactement comme avant, et sans même faire semblant de le masquer par des hommes nouveaux.
 
Il faut dire qu’il n’a pas vraiment le choix. Au cours de la traditionnelle passation de pouvoir à l’Elysée, il y a UNE CONSTANTE depuis l’ère De Gaulle-Foccart. La consigne est toujours la même et elle est très stricte: En matière de politique africaine, RIEN NE DOIT CHANGER DANS LE FOND… (Chaque nouveau locataire de l’Elysée peut en changer la forme mais jamais le fond).
 
Il ne faut donc pas compter sur Emmanuel Macron et son jeune âge pour jouer la carte de la modernité ou de la démocratisation et de la lutte contre la corruption en Afrique.
 
Rien ne doit changer dans cette relation séculaire, la France-Afrique. C’est sans doute là que se trouve l’intérêt supérieur de la France…
 
En tout cas c’est bien connu, depuis l’ère De Gaulle-Foccart, LA FRANCE A TOUJOURS PRÉFÉRÉ L’EXISTANT ; en d’autres termes, sous le prétexte fallacieux de GARANTIR LA STABILITÉ, la mission primordiale de la France en Afrique est restée inchangée, à savoir, assurer coûte que coûte la longévité au pouvoir des dictateurs par elle mis en place. Et pour cause !
 
La FrançAfrique est très tenace.

Malgré les nombreuses promesses (ou tentatives, car il faut bien reconnaître qu’il y en a eu tout de même, notamment avec Jean-Pierre Cot, sous François Mitterrand, et Jean-Marie Bockel, sous Nicolas Sarkozy) de sa mise à mort, l’expérience a montré qu’aucun locataire de l’Elysée n’a pu s’en passer.
 
Faut-il rappeler que son mentor et prédécesseur François Hollande avait laissé miroiter aux peuples africains des changements en affirmant à Dakar que la France n’accepterait pas les changements opportunistes de Constitutions… Chacun connaît la suite…
 
Le vieux dictateur sanguinaire et corrompu du Congo Denis Sassou a mis en branle TOUTE SA MEUTE D’OBLIGÉS qui a fait plier François Hollande (IBK en particulier mais aussi Alpha Condé et Mahamadou Issoufou, ndlr), l’obligeant à se dédire honteusement et publiquement sur France 24, et au finish, il n’a pas pu s’en passer… Résultat : François Hollande a quitté l’Elysée, la queue entre les jambes et par la petite porte, et Denis Sassou Nguesso, lui, est toujours aux commandes du Congo et bombe le torse…
 
Cependant, je reste convaincu pour ma part qu’à court, moyen ou long terme, cette politique ne pourra être que DOMMAGEABLE POUR LA FRANCE… Le jour où le peuple africain s’éveillera…
 
En choisissant de poursuivre cette politique qui met en avant la collusion d’intérêts privés entre des groupes mafieux et les dictateurs africains et leurs familles, la France court inéluctablement à sa perte.
 
Ce qu’Emmanuel Macron et ses prédécesseurs (notamment, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande) ignorent sans doute, c’est que le prestige de la France s’en trouve très profondément entamé.
 
Pour Denis Sassou Nguesso qui, il faut bien le dire, a toujours été très complexé face à Omar Bongo – lequel achetait à tout va les dirigeants français et s’était créé un nombre incalculable d’obligés d’une façon extrêmement nette -, devenir le nouveau maître du jeu africain et avoir à son tour des relations personnelles confiantes et privilégiées, voire parfois même pittoresques, avec des personnalités comme Jean-Yves Le Drian, cela est loin de lui déplaire. Bien au contraire.
 
Au-delà même de ce que tout le monde sait depuis très longtemps maintenant, à savoir qu’entre le colonisateur et le colonisé, le rapport de domination s’est inversé et les dictateurs africains sont devenus les maîtres (du fait de l’affairisme et de la cupidité de ses dirigeants, la France est devenue l’obligée non pas de l’Afrique mais des dictateurs africains, et se trouve désormais dans la situation de colonisation inversée vis-à-vis de ces autocrates qu’elle a elle-même installés à la tête de ses anciennes colonies et qui battent tous les records de longévité au pouvoir et ont accumulé des fortunes colossales en spoliant leur peuple), il faut surtout bien comprendre que pour un dictateur narcissique et très complexé comme Denis Sassou Ngueso, le fait de manipuler les dirigeants français renforce chez lui un sentiment de toute puissance.
 
« […] Notre pétrole est notre meilleur avocat. En France, tout le monde est à ses pieds, il a fait plier le maître (François Hollande), alors que peut l’élève (le jeune Macron) contre lui ? », c’est le refrain que nous chantent chaque jour ses proches pour nous signifier qu’Emmanuel Macron ne parviendra jamais à faire libérer Jean-Marie Michel Mokoko, au Congo, comme il l’a fait pour Maurice Kamto, avec Paul Biya, au Cameroun.

Et je pense qu’ils ont raison, sans doute !
 
Bienvenu MABILEMONO
est exilé congolais involontaire en France.

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