Le gaulliste et constitutionnaliste, Pierre Mazeaud (94 ans), ancien secrétaire d’Etat de Georges Pompidou et de Valéry Giscard d’Estaing, ancien président de la commission des lois de l’Assemblée nationale et ancien président du Conseil constitutionnel (2004-2007), vient de donner son analyse de la situation politique de la France après la dissolution, sur Radio J. A 94 ans, il n’a plus l’énergie pour peser sur les débats, mais ne s’abstient pas de donner son avis quand on le lui demande. Sauf que le jeune président, très sûr de lui, n’a jamais demandé un avis à quelqu’un, car convaincu d’avoir une intelligence supérieure, qui, malheureusement, est en train de plonger la France dans l’inconnu.
Le 12 juin, Afriqueeducation.com titrait : « France : La démission tend les bras à Emmanuel Macron ». On n’était pas dans la science-fiction mais dans l’analyse froide de la situation. C’était trois jours après la dissolution non annoncée, irréfléchie et totalement improvisée, du jeune président. C’est comme si un gamin s’amusait à évaluer la réaction du gaz en claquant une allumette. Convaincu qu’il a lui-même et inconsciemment scié la branche où il était assis dans la mesure où la victoire de sa majorité présidentielle relève maintenant du rêve, il n’arrête plus de se justifier, comme dans la lettre qu’il envoie aux Français dans la presse de province, ce lundi, 24 juin. Pour leur dire que tout est encore possible en récusant les extrêmes. Mais c’est trop tard. Le Rassemblement national (RN) a compris que le pouvoir lui tend les bras. Pour preuve, ce même lundi, 24 juin, son futur premier ministre, Jordan Bardella, a convoqué la presse pour lui donner son programme de gouvernement. Avec 34% dans les sondages (le nouveau Front populaire est à 29%) et Ensemble du président de la République, même pas à 20%. C’est déjà le sauve qui peut. Les partenaires de cette majorité comme l’ancien premier ministre, Edouard Philippe, président du parti Horizon, annonce, d’ores et déjà, la création d’une autre coalition avec d’autres règles de fonctionnement.
C’est dans ce contexte que Pierre Mazeaud a donné son avis sur la situation actuelle. Selon lui, le RN l’emporterait aux élections législatives mais sans avoir la majorité absolue. En conséquence, Emmanuel Macron trouvera un gouvernement « encore plus difficile et complexe que celui d’aujourd’hui ». Aussi, « pour sortir du chaos, éviter des drames encore plus complexes et plus graves, je suis de ceux qui ont considéré que après une dissolution […] et que pour arrêter ces difficultés graves pour le pays […] le président de la République se doit de démissionner », a-t-il déclaré.
Emmanuel Macron, lui, jure à qui veut l’entendre qu’il ira jusqu’au bout de son mandat en 2027. Mais, avec un RN revanchard aux manettes qui lui ferait voir de toutes les couleurs, qui l’humilierait, publiquement, à la moindre occasion, qui lui ferait avaler toutes sortes de couleuvres, en France et à l’international, les voies s’élèveraient, très vite, dans tout le pays pour lui demander de tirer les conclusions qui s’imposent en rendant son tablier. Il n’aurait pas le choix. Voilà pourquoi, il n’est pas exclu que la France élise un nouveau président de la République avant fin décembre 2024 ou au premier trimestre 2025.