Depuis son retour au pouvoir, le président du Ghana, John Dramani Mahamat, doit composer avec le bilan désastreux laissé par son prédécesseur, Nana-Akufo Addo. En deux mandats, seulement, ce dernier a ruiné l’économie ghanéenne, qui n’est plus que l’ombre d’elle-même par rapport à 2021. Engagé dans un processus de sauvetage complexe, l’actuel président ghanéen est déterminé à pourchasser les responsables de la situation économique actuelle, y compris l’ancien ministre des Finances, Ken Ofori-Atta, parti aux Etats-Unis pour éviter de rendre des comptes.
Selon la presse ghanéenne, les autorités d’Accra auraient formulé une demande d’extradition, le 10 décembre, à leurs consoeurs de Washington DC concernant Ken Ofori-Atta (notre photo). Soupçonné de corruption, de détournements de fonds publics, et de nombreux autres crimes financiers, l’ancien argentier national, qui est également parenté à Nana-Akufo Addo, doit répondre de sa gestion opaque dans le cadre de plusieurs scandales, dont celui du projet de construction de la cathédrale du Ghana, dont le coût aurait quadruplé après une évaluation initiale à 100 millions de dollars.
Ofori-Atta, qui ne compte pas rentrer de sitôt au bercail, aurait embauché un conseil de renom pour contrer la tentative des autorités de son pays de le renvoyer au Ghana. Plusieurs arguments, tels que ceux d’un procès politique et d’une violation future de ses droits humains, ont déjà été avancés par ses soutiens pour convaincre les instances judiciaires américaines de rejeter la requête du régime ghanéen. Celui relatif à la politisation du dossier serait d’ores et déjà considéré comme étant sans fondement, selon certaines indiscrétions près le consulat américain d’Accra.

Face au besoin de justice des Ghanéens et d’imputation des responsabilités dans la crise que traverse le Ghana, John Dramani Mahamat s’est engagé à faire la lumière sur plus de 20 milliards de dollars volatilisés et répartis sur 36 dossiers controversés. Après avoir contenté Donald Trump en septembre dernier en acceptant d’accueillir des migrants expulsés des Etats-Unis, ce qui avait profondément indigné en Afrique, le dirigeant ghanéen pourra-t-il obtenir un retour d’ascenseur de la part du département de Justice américain, réputé soumis au président républicain ?
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)





