GUERRE DANS L’EST DE LA RDCONGO : Félix Tshisekedi ordonne la mobilisation générale

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Jeudi, 3 novembre, le président, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, s’est adressé à ses compatriotes sur la détérioration de la situation sécuritaire dans l’Est de la RDCongo. Mini-continent aussi grand que l’Europe des 15 de l’époque, avec deux fuseaux horaires différents, la RDCongo dispose d’un sous-sol immensément riche, ce qui donne des appétits à certains voisins véreux comme le Rwanda dans la volonté de s’étendre est connu par tous. L’obsession de ses dirigeants issus du génocide de 1994, c’est additionner des dizaines sinon des milliers de kilomètres carrés à sa superficie actuelle tout en exploitant le sous-sol correspondant. C’est un problème récurrent que les régimes passés ont, déjà, eu à gérer à Kinshasa, avec des bonheurs inégaux. Président en exercice de la SADC, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, lui, semble prendre le taureau par les cornes, en ne lésinant pas sur les moyens. La preuve en est qu’il est en conflit ouvert avec le président du Rwanda, Paul Kagamé, que d’aucuns considèrent comme le déstabilisateur en chef de la région des Grands Lacs. Depuis l’arrivée de Tshisekedi à la tête de l’Etat, Kagamé a trouvé à qui parler : il ne fait plus (en silence ni vu ni connu) ce qu’il faisait avant. Ses vélléités expansionnistes sont bien contenues et mises à la face du monde. C’est pourquoi, afin que nul n’en ignore, le président rdcongolais a tenu à en informer ses compatriotes tout en prenant les pays de la SADC à témoin. Voici quelques morceaux choisis de son (grand) discours prononcé, jeudi, 3 novembre, à Kinshasa :

« Je m’adresse solennellement à vous en ce jour dans un contexte exceptionnel en rapport avec la situation sécuritaire que connait notre pays dans sa partie orientale. Ce contexte d’agression et d’occupation des territoires dans le Nord-Kivu est perpétré par le groupe terroriste dit du M23, avec l’appui avéré en hommes et en logistique du Rwanda.

Au moment où je fais cette adresse, nos agresseurs occupent certaines localités dans le territoire de Rutshuru occasionnant ainsi un drame humanitaire avec plus de 200 000 compatriotes forcés de fuir les affres terroristes dans les zones de combats. Ils se retrouvent en dehors de chez eux sans logis, sans nourriture et sans soins. Des instructions précises ont été données au gouvernement pour leur rassemblement et prise en charge. Au-delà de ces efforts, j’en appelle à un élan général de solidarité pour alléger leur fardeau.

Certes, cette situation n’est pas nouvelle, en effet, depuis plusieurs décennies des groupes armés nationaux et étrangers écument l’Est de notre pays en y commettant des atrocités innommables sur fond d’exploitation illégale de nos ressources naturelles.

C’est ainsi qu’à l’occasion de mon avènement, j’avais été amené à prendre l’engagement, devant la Nation, de rétablir au cours de mon mandat la paix et la sécurité là où elles sont compromises et de les consolider là où elles existent. Sitôt dit sitôt fait, j’ai sans délai et de bonne foi commencé à développer, notamment, avec tous nos 9 pays voisins, une diplomatie de proximité en vue d’établir avec eux des relations de coopération franche, transparentes et gagnant-gagnant.

Avec l’Ouganda, nous sommes allés jusqu’à décider de mutualiser nos Forces armées afin de combattre, ensemble, la nébuleuse des ADF, une milice d’origine ougandaise, qui, cependant, n’opère que dans le Nord-Kivu, et aussi, nous avons lancé deux projets de construction de routes transnationales.

Avec le Rwanda, un mémorandum d’entente a été signé dans le commerce de l’or avec une

entreprise nationale, une ligne aérienne a été ouverte à la Compagnie nationale rwandaise dans notre pays et un accord de non double taxation a été signé. Malgré cela, ce pays va nous surprendre en réactivant les terroristes du M23. Alors qu’il avait été défait par les armes en 2013, le M23 va refaire surface en prenant notre Armée de court, notamment, à Bunagana, cité qu’il occupe depuis le 13 juin 2022. En effet, sous la fallacieuse accusation de soutien des FARDC aux FDLR, le Rwanda a, en réalité, des velléités expansionnistes avec comme intérêt principal l’appropriation de nos minerais et pour ce faire, il s’active à déstabiliser l’Est du Congo pour créer une zone de non-droit en vue d’assouvir ses appétits criminels.

Pour faire face à cette situation, deux options s’offraient à nous : la diplomatie ou la guerre. J’ai résolu de privilégier la première option quitte à en venir à la seconde faute de résultats. L’option diplomatique a donc été mise en œuvre. C’est ici l’occasion pour nous de rappeler que notre attachement à la recherche de la paix par des voies pacifiques n’est aucunement un signe de faiblesse moins encore, un aveu d’une incapacité de notre pays à s’inscrire dans une logique de

guerre totale contre tous ceux qui continuent à abuser de notre patience, mais plutôt, une expression de notre culture de paix et de notre identité légendaire de peuple hospitalier.

C’est ainsi que dès le 20 juin 2022, j’ai pris part aux travaux du 3ème Conclave des chefs d’Etat membres de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) à Nairobi, au Kenya, qui avait comme agenda l’examen de la situation sécuritaire dans l’Est de notre pays. A l’issue de ce forum, les dirigeants des pays membres de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) sont tombés d’accord sur le déploiement d’une force régionale pour « imposer » la paix dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Le Sommet a appelé « à une cessation immédiate de toutes les hostilités à l’Est de la RDC » et a demandé à tous les groupes armés, tant étrangers que locaux, « à déposer les armes immédiatement et sans condition, et à s’engager dans processus politique ».

Le 6 juillet 2022, j’ai accepté de rencontrer, à nouveau, le président du Rwanda, cette fois, à Luanda, sous l’égide du président, João Lourenço, sous couvert de la Conférence internationale des Régions des Grands Lacs africains. Il en est sorti une feuille de route, qui stipule entre autres objectifs : Normaliser les relations politiques et diplomatiques entre la RDC et le Rwanda. Et, pour y parvenir, la première action retenue : arrêt des hostilités et retrait du M23 des positions occupées conformément au communiqué final de Nairobi. Une fois de plus, aucune avancée sur le terrain de la paix attendue par notre population n’a été observée.

La dernière activité diplomatique en date, a été la rencontre avec le président, Paul Kagame, autour du président, Français Emmanuel Macron, et à l’initiative de ce dernier en marge de l’Assemblée Générale de Nations-Unies à New-York. Ici, également, pour l’essentiel, il a été acté le principe d’un cessez-le-feu immédiat et du retrait sans condition du M23 des positions qu’il occupe. Toujours sans résultats tangibles sur le terrain.

Comme vous pouvez le constater, malgré notre investissement et les efforts fournis dans cette optique, la paix et la sécurité ne sont pas au rendez-vous. Garant de l’indépendance, de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale, je réitère mon engagement constitutionnel de défendre la Patrie jusqu’au sacrifice suprême. Ne doutons jamais, qu’ensemble réfléchis et engagés nous puissions changer le monde.

A vous nos vaillants Soldats,

Vous qui avez pris l’engagement de servir sous le drapeau, je vous invite, ici, au sens élevé du patriotisme en ce temps particulièrement exceptionnel de notre histoire, de defendre notre pays, de protéger l’intégrité de son territoire et d’assurer la sécurité des Congolaises et des Congolais contre toute agression ou attaque d’où qu’elle vienne.

A vous mes très chers compatriotes,

La guerre qui nous est imposée par nos voisins exige de chacun de nous des sacrifices. C’est le moment de taire nos divergences politiques pour défendre tous rassemblés, notre mère patrie. Notre histoire et notre marche commune ont, sans cesse, démontré que loin de s’effondrer, notre Nation et son Peuple ont toujours relevé ce genre de défis et nous en sommes toujours sortis victorieux. Restons tous unis et solidaires derrière nos forces de défense et de sécurité. La situation actuelle, loin de nous affecter, n’est qu’une épreuve de plus que nous allons surmonter pour raffermir davantage notre unité.

Au delà de tout clivage politique, idéologique, religieux et tribal, la défense de la Mère-Patrie est le seul objectif, qui doit nous unir en ce moment. Le pays nous appelle, la Nation a besoin de l’engagement de toutes ses filles et de tous ses fils.

Je vous appelle à ne pas céder aux propos xénophobes et autres discours de haine ou de stigmatisation des communautés rwandophones dont l’asservisseur se sert pour faire du chantage. Tout acte allant dans ce sens sera, sévèrement, puni.

En réponse à la forte demande de la jeunesse, j’invite celle-ci à s’organiser en groupes de vigilance, en vue d’appuyer, d’accompagner et de soutenir nos forces de défense et de sécurité dans l’accomplissement de leur noble mission. C’est ici l’occasion de mettre en garde tous les

traîtres et autres brébis galeuses, qui servent les intérêts de l’ennemi, ils seront exposés à la rigueur de la loi, en ayant le juste châtiment que mérite ce genre de comportement.

En outre, tout en renouvelant mon appel lancé à nos jeunes qui en ont la vocation de s’enrôler massivement dans nos Forces armées, je réitère l’instruction faite au Chef d’état major général d’accélérer à cet effet la mise en place des centres de recrutement à travers les vingt-six provinces que compte notre pays.

Nous devons, ensemble, avoir conscience que nul autre que nous-mêmes ne viendra sauver notre nation et que cela exige de chacun de nous une mobilisation tous azimuts ».

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