GUERRE EN UKRAINE : Antonio Guterres à Dakar pour draguer Macky Sall

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En tant que président en exercice de l’Union africaine, le président du Sénégal, Macky Sall, vote, désormais, en faveur de l’abstention, après avoir condamné la Russie au premier vote organisé à New York le 2 mars. Par la suite, jeudi, 24 mars, il a voté en faveur de la neutralité du continent qui compte 54 pays. Lors du vote du 7 avril, au Conseil des droits de l’homme, il a maintenu sa neutralité dans ce conflit. A Genève, 93 pays ont voté pour la résolution suspendant la Russie du Conseil des droits de l’homme, 24 pays ont voté contre et 58 se sont abstenus dont le Sénégal. Sur les 54 pays africains, jusqu’à 41 ont soutenu la Russie ou se sont abstenus, ce qui explique, d’ailleurs, que le magazine, Afrique Education, ait mis Vladimir Poutine en pleine page de couverture de son numéro 507 d’avril 2022 avec le titre : « Guerre en Ukraine : Les Africains derrière Poutine ». Antonio Guterres, le Secrétaire général des Nations-Unies, cherche à casser cette dynamique africaine. Il a, pour cela, posé ses valises, à Dakar, samedi, 30 avril, dans la soirée pour avoir un tête à tête avec Macky Sall, qui, décidémment, est très courtisé ces derniers mois.

Si c’est la lutte contre le djihadisme qui l’intéressait, véritablement, il aurait visité, en premier lieu, le Mali où stationne l’armée des Nations-Unies, à savoir, la MINUSMA (Mission des Nations-Unies pour la stabilisation du Mali). Il aurait, aussi, visité le Burkina Faso où pratiquement tout le Nord est occupé par les djihadistes, après qu’ils aient chassé les villageois de leurs demeures. L’urgence, c’est dans ces deux pays et non au Sénégal où il était en mission spéciale pour le compte (non déclaré) des Occidentaux et de l’OTAN.

A Dakar où il a été reçu par le président sénégalais, il lui a proposé de changer son vote pour qu’il soit en faveur de l’Ukraine, comme ce fut le cas le 2 mars. Revient-il au secrétaire général des Nations-Unies d’orienter le vote de ses membres ? Que Non. Il n’a nullement un tel pouvoir. Mais, il s’avère que la visite qu’il vient d’effectuer à Moscou et en Ukraine s’est passée très mal. Les yeux dans les yeux, Vladimir Poutine lui a démontré le caractère partial de son action qui a toujours favorisé les Occidentaux, le camp auquel il appartient. Il ne faut pas oublier que Antonio Guterres est l’ancien premier ministre portugais. Son pays appartient à l’OTAN et à l’Union européenne qui combattent la Russie de toutes leurs forces en soutenant l’Ukraine.

Depuis quelque temps, Volodymyr Zelenski, le président ukrainien, n’arrête pas, lui-même, d’harceler Macky Sall. En effet, il ne cesse de lui demander d’organiser une intervention devant les chefs d’Etat de l’UA. La question qui se pose aujourd’hui est de savoir si une telle intervention avait eu lieu après la destruction de la Libye par l’OTAN en 2011 et l’assassinat prémédité de son leader, Muammar al Kadhafi ? Que Non ! On ne voit donc pas, au nom de quel parallélisme des formes l’UA jetterait une telle fleur à l’Ukraine même si l’Afrique est solidaire d’elle en tant que pays attaqué. Avant la pression de Guterres, Macky Sall a subi celle d’Emmanuel Macron, le président français, et d’Ursula von der Leyen, la redoutable patronne allemande de la Commission européenne. Mais le président en exercice de l’UA ne fléchit toujours pas, grâce à la position commune entretenue par 41 pays africains sur 54. Les Africains veillent d’ailleurs à cette neutralité que certains considèrent d’ores et déjà, comme le retour du Non-Alignement, tel qu’il existait face aux deux Blocs dans les années 70 et 80.

Après Dakar, Antonio Guterres a programmé une visite au Niger et au Nigeria, deux autres pays frappés par le djihadisme, pour éviter les qu’en dira-t-on.

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