Dans une décision passée sous les radars, le Botswana et l’Angola ont acté la fin de leur coopération avec la Russie en matière d’exportation de diamants. Classées respectivement 2ème et 4ème plus grosses productrices de diamants au monde, les deux nations africaines ont préféré sauvegarder leurs intérêts, affirmant ainsi leur souveraineté face à la Russie, qui reste le numéro un mondial en volumes de ce secteur. Il n’en fallait pas plus pour enjailler les pays occidentaux.
Déterminés à faire plier Vladimir Poutine, avec d’interminables salves de sanctions économiques, ils avaient tout fait pour convaincre l’Afrique de les aider à isoler la Fédération de Russie. Une sollicitation à laquelle avait été adressée une fin de non-recevoir par le continent africain, la souveraineté ayant toujours été brandie par ce dernier. Accusés de paternalisme, les Occidentaux avaient alors prédit le pire pour les Africains entretenant des liens avec les Russes.
Mais, peuvent-ils encore en dire autant aujourd’hui ? Gaborone et Luanda ayant parfaitement illustré par des actes ce que tout un continent s’évertue à leur faire comprendre depuis bientôt trois ans ? La capitale botswanaise a accepté d’adhérer au programme de certification du G7 pour les diamants, de manière à en garantir la provenance (sur notre photo, le deuxième plus gros diamant du monde découvert au Bostwana). Ce qui fait que Moscou ne pourra plus mélanger les siens avec ceux de Gaborone afin de contourner les mesures occidentales.
De son côté, Luanda a poussé sa consoeur russe à vendre les parts qu’elle détenait dans les mines de Catcoa et Luene, via l’entité gouvernementale Alrosa, après que cette dernière et son directeur général aient été visés par des sanctions en janvier 2024. Face au manque à gagner causé par l’impossibilité d’écouler les minerais extraits de leur sol, les autorités angolaises ont contraint leurs partenaires russes à céder leurs actifs à une entreprise affiliée au fonds souverain d’Oman.
Le choix de l’Angola et du Botswana de fermer la porte de l’industrie du diamant à la Russie reflète une volonté souveraine de protection des intérêts nationaux. Conformément à la logique de partenariat d’égal à égal qu’ils suivent, les Russes n’ont pas crié au scandale, contrairement à ce que l’on observe au Niger avec Orano. Espérons maintenant que ces exemples angolais et botswanais sur l’expression de leur souveraineté permette d’éradiquer le scepticisme des Occidentaux.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)