Le ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif, a répondu, lundi, 20 mai, aux dernières menaces de Donald Trump à l’encontre de son pays en affirmant que les « railleries génocidaires » du président américain ne mettraient « pas fin à l’Iran ». Le chef de la diplomatie iranienne sait de quoi il parle. Après avoir été mis au pas en Syrie par Bachar el-Assad (soutenu par Vladimir Poutine), et en Corée du Nord par Kim Jong-un (soutenu par Xi Jinping), jamais deux sans trois, pensent les Iraniens qui affirment que les menaces du locataire de la Maison Blanche, n’auront, strictement, aucun effet sur leur pays qui restera intact jusqu’au départ de ce dernier de la Maison Blanche. Même pas peur !
Il « espère réussir là où Alexandre (le Grand), Gengis (Khan) et les autres agresseurs ont échoué », a écrit M. Zarif sur son compte Twitter en faisant référence à deux conquérants étrangers ayant dominé la Perse (l’ancien nom de l’Iran) à une période donnée de son histoire plurimillénaire.
« Les Iraniens sont restés debout pendant des millénaires alors que leurs agresseurs (sont) tous partis. Le #TerrorismeEconomique et les railleries génocidaires ne mettront pas +fin à l’Iran+ », a ajouté M. Zarif dans une réponse au dernier message contre l’Iran publié par M. Trump, la veille, sur le même réseau social.
« Si l’Iran veut se battre, ce sera la fin officielle de l’Iran. Plus jamais de menaces à l’encontre des Etats-Unis », avait écrit M. Trump.
« #NeJamaisMenacerUnIranien. Essayez le respect – ça marche », a également rétorqué M. Zarif au président américain.
Les tensions entre Washington et Téhéran connaissent un nouvel accès depuis une dizaine de jours, après l’annonce d’un renforcement de la présence militaire américaine au Moyen-Orient pour faire face à de présumées « menaces » iraniennes.
Elles ont réveillé les craintes d’un affrontement entre l’Iran et les Etats-Unis où certains des alliés régionaux de Washington comme l’Arabie saoudite ou les Emirats arabes unis, que M. Zarif accuse de pousser M. Trump à adopter une ligne dure contre la République islamique.
Face au déploiement de forces américaines dans la région, Téhéran ne cesse de répéter qu’elle ne veut pas la guerre tout en prédisant une « défaite » à l’Amérique si celle-ci décide de céder à l' »illusion » de vouloir attaquer l’Iran.
Historiquement mauvaises, les relations entre la République islamique et les Etats-Unis se sont nettement détériorées depuis que M. Trump a décidé, en mai 2018, de dénoncer unilatéralement l’accord international sur le nucléaire iranien conclu à Vienne en 2015 (notre photo).
Par cet accord, censé apaiser les craintes de la communauté internationale relatives à une éventuelle accession de l’Iran à la bombe atomique, Téhéran a accepté de brider drastiquement son programme nucléaire en échange de la levée d’une partie des sanctions internationales à son encontre.
Mais, conséquence de la dénonciation de ce texte par Washington, l’administration de Donald Trump a réimposé les sanctions économiques extraterritoriales américaines contre l’Iran qui avaient été suspendues en vertu de l’Accord de Vienne.
Cette politique empêche la République islamique de bénéficier des avantages qu’elle escomptait de l’accord, et Téhéran la dénonce régulièrement comme un « crime contre l’humanité » ou du « terrorisme économique ».
Engagé dans une politique de « pression maximale » vis-à-vis de Téhéran, M. Trump entend amener l’Iran à négocier un accord « meilleur » que celui de Vienne.
Excluant toute négociation « avec le gouvernement américain actuel », l’Iran menace de se désengager progressivement de l’accord de Vienne si ses partenaires encore parties au texte (Allemagne, Chine, France, Grande-Bretagne et Russie) ne lui permettent pas de contourner les sanctions américaines.
En attendant, l’Iran a, depuis quelques jours, multiplié par trois sa capacité d’enrichissement de son uranium dans l’optique de la fabrication de l’arme nucléaire qu’il veut acquérir comme la Corée du Nord à qui Trump demande le démantèlement de la sienne sans succès.