Dans un rare numéro de soumission envers Donald Trump, Paul Kagame s’est porté volontaire pour accueillir des centaines de migrants tombés en disgrâce aux yeux des autorités américaines. Une surprise pour ceux qui pensaient tout savoir du niveau de bassesse du dictateur rwandais. Ainsi, Kigali aurait marqué son accord pour l’arrivée de 250 personnes expulsées par Washington DC. Une transaction qui montre à quel point certains dirigeants africains n’ont aucune difficulté à imiter les incohérences occidentales quand cela les arrange.
Paul Kagame cherche inlassablement à redorer le blason de son pays, dont l’image a été irrémédiablement salie par…ses propres soins (sur notre photo, sa rencontre avec Donald Trump en janvier 2018 au Forum de Davos). Sa stratégie est simple : sacrifier l’once de dignité qu’il lui restait dans l’espoir de figurer dans les petits papiers de Donald Trump. En réalité, il souhaiterait devenir une autre version de William Ruto, son homologue kényan, qui, pensant rendre service aux Américains à Haïti, se retrouve, aujourd’hui, pris au piège face aux défis liés à sa mission, y compris la qualité des équipements fournis et le paiement tardif des salaires.
En voulant augmenter son crédit auprès de l’administration américaine, Ruto a embarqué ses policiers dans une aventure qui a dépassé, même, les instigateurs de la crise qui secoue Haïti. Incapable de garantir la paix et la stabilité au Kenya, où son impopularité avec la jeunesse risque de faire entrer le pays dans une guerre civile, il a eu l’audace de penser pouvoir servir de solution au problème haïtien, affichant une incohérence qui interroge sur son niveau de rationalité. Hélas pour lui, le coût final de son initiative sera, de loin, supérieur à la reconnaissance visée.
Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump n’a montré aucun intérêt pour Haïti, ni une sympathie particulière vis-à-vis du leader kényan, William Ruto. D’ailleurs, des législateurs américains sont en train de pousser au Sénat pour que la vérité soit établie sur les massacres perpétrés par la police kényane sur plus d’une centaine de manifestants depuis l’année dernière, ainsi que, sur les liens qui existent entre le gouvernement de Nairobi et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui veulent balkaniser le Soudan.
Pour Paul Kagame, aussi, l’illusion d’une relation fructueuse avec le milliardaire américain ne saurait être rien de plus. Dépourvu d’un autre moyen d’attirer des regards positifs sur lui de la part de Washington DC, le dirigeant rwandais, qui n’a pas retenu la leçon de la grogne du continent africain, lors de l’annonce de son (défunt) deal migratoire avec le Royaume-Uni, récidive, cette fois-ci, avec les Etats-Unis. Bien qu’il n’y ait, pour le moment, aucun détail sur les pays d’origine des futurs migrants, la levée des boucliers est, déjà, effective en Afrique.

Toutes les tentatives, par Kigali, de revenir à la vie sur un plan géopolitique avec les pays occidentaux resteront vaines. Les Européens n’ayant plus rien à dire en RD Congo depuis que Donald Trump y a planté sa griffe, dans une optique d’exploitation minière, le Rwanda ne pourra rien attendre des Américains, si ce n’est de libérer totalement l’Est du territoire rdcongolais. Sachant que Trump a encore trois bonnes années devant lui, les répercussions sur la soi-disant locomotive économique rwandaise seront scrutées, avec intérêt, par le pouvoir de Kinshasa.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)