PRESIDENTIELLE AU NIGERIA : Le candidat de l’opposition Atiku Abubakar voulait-il gagner grâce à une fraude massive ?

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Le président nigérian, Muhammadu Buhari, a appelé, lundi, 18 février, l’armée a être « sans pitié » envers ceux qui voudraient tricher lors du scrutin de samedi, 23 février, reporté in extremis d’une semaine, indiquant qu’ils le « feraient au péril de leur vie ». En fait, la Commission électorale indépendante (INEC) aurait pris la très difficile décision de décaler d’une semaine l’élection pour contrarier les plans de fraudes massives du candidat Atiku Abubakar. Selon certaines sources, il aurait fait fabriquer des bulletins de vote (parallèles) en Chine et mis en place, au Nigeria, une organisation frauduleuse qui allait lui permettre de gagner l’élection haut la main. Muhammadu Buhari n’aurait vu que du feu ! Mais, cette vaste supercherie a été découverte, certes, au dernier moment, d’où la décision de tout arrêter à 5 heures de l’ouverture de certains bureaux de vote. Le coût de la réimpression des bulletins de vote de plus de 80 millions d’électeurs (qui se fait cette fois au Nigeria et non plus en Chine) va être très lourd pour le budget de l’Etat. Cela dit, l’optimisme (électoral) semble changer de camp : les partisans d’Atiku Abubakar ne cachent plus leur peur de perdre l’élection qui leur tendait les bras, le président sortant, Muhammadu Buhari, contre qui toute cette fraude se tramait, ayant, radicalement, changé de ton et de méthode. Toutefois, à cause sans doute de la délicatesse du sujet, Buhari et son camp n’accusent pas, nommément, Abubakar car l’arroseur peut être arrosé. On attend que l’élection passe pour régler, après, les comptes.

« J’ai déjà ordonné à la police et à l’armée d’être sans pitié. Nous n’allons pas être tenus pour responsables (…) pour ceux qui décident de voler des urnes, ou utilisent des criminels pour perturber le scrutin », a déclaré le chef de l’Etat, en lice pour un second mandat, lors d’une réunion de son parti retransmise à la télévision nationale. Le président n’accuse personne mais on voit là où vont ses soupçons.

« Ça sera probablement le dernier acte criminel qu’il (le fraudeur) commettra », a martelé l’ancien général, qui avait, déjà, dirigé le Nigeria en 1983 pendant les dictatures militaires.

Les deux partis principaux, le parti au pouvoir (APC, Congrès des progressistes) et l’opposition (Parti populaire démocratique, PDP) s’accusent, mutuellement, de « sabotage » du scrutin.

« Après les élections, nous devrons savoir ce qui s’est vraiment passé », a indiqué M. Buhari. « La commission devra nous expliquer pourquoi ils n’ont pas pu organiser ce scrutin et (…) nous devrons trouver un coupable ».

Le président du parti au pouvoir, Adams Oshiomhole, a accusé l’INEC de « travailler avec des forces anti-démocratiques pour saper le processus électoral ». Prenant la parole lors de cette réunion extraordinaire du parti à Abuja, il a demandé la démission du président de la Commission, Mahmood Yakubu, tout comme son homologue de l’opposition.

Les deux principaux partis ont, également, assuré qu’ils iraient à l’encontre de l’INEC, qui a demandé aux candidats engagés dans la présidentielle, les législatives et sénatoriales de suspendre leur campagne électorale.

« Le PDP rejette toute interdiction injuste de rouvrir la campagne », a déclaré Kola Ologbondiyan, porte-parole de l’opposition dans un communiqué dimanche soir. « Une telle interdiction est injuste et va à l’encontre de notre code électoral ou de n’importe quelle loi de ce pays », a martelé l’opposition.

L’APC a, également, affirmé qu’il relançait sa campagne.

Ce n’est pas la première fois qu’une élection est reportée au Nigeria, depuis la fin des dictatures militaires en 1999. En 2011, les élections générales ont été retardées deux fois – et alors même que le vote avait déjà débuté, le président de la Commission électorale évoquant alors une situation d' »urgence », avec de nombreux bureaux sans matériel électoral.

Le Nigeria s’était ensuite embrasé dans des violences post-électorales entre chrétiens et musulmans qui avaient fait plus de 1.000 morts à travers le pays.

En 2015, le gouvernement du président Goodluck Jonathan avait également reporté le scrutin de six semaines, arguant des problèmes de sécurité dans le Nord-Est, après des années d’enlisement du conflit contre les djihadistes de Boko Haram.

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