Plus que 4 mois avant les prochaines élections présidentielles en Guinée-Bissau. Fixé arbitrairement au 30 novembre prochain par Umaro Sissoco Embalo, ce rendez-vous devrait, bel et bien, avoir lieu, à moins d’un tremblement de terre dans le pays de celui qui a interrompu et renvoyé une délégation de la CEDEAO, avant le terme de sa mission de fin février, venue lui donner un petit délai pour plier bagages. En dépit du tollé créé à l’international, le concerné est resté droit dans ses bottes. Qu’attend l’Union africaine (UA) pour se saisir de son dossier ?
On ne tirera pas davantage sur la CEDEAO, qui aura, au moins, tenté de raisonner l’un de ses personnages les plus loquaces, quand il s’agissait de pointer un doigt accusateur sur les leaders des juntes du Mali, du Burkina Faso, du Niger et de la Guinée-Conakry, pour leur mépris des principes démocratiques. En effet, puisque son bras ouest-africain a échoué dans sa mission, il revient, maintenant, à l’UA de prendre le relais (sur notre photo, la délégation de la CEDEAO expulsée par le président bissau-guinéen parce qu’elle lui demandait de respecter la loi). En particulier, car il s’agit d’une course contre la montre, la date du scrutin approchant à très grands pas.
Dans son nouveau visage, la Commission de l’UA affiche plus de dynamisme, faisant preuve d’implication dans plusieurs des dossiers sensibles hérités de l’ancienne administration du Tchadien, Moussa Faki. Si dans la plupart de ces crises, Mahmoud Ali Youssouf et son équipe n’ont eu qu’à rallier des initiatives impliquant des acteurs non-africains, ce n’est pas le cas de la Guinée-Bissau. La situation bissau-guinéenne est telle que l’inaction n’est pas une option, surtout, après l’ébranlement des institutions garantes de la démocratie par l’homme fort du pays.

En dehors de celle la CEDEAO court-circuitée, aucune initiative n’existe pour désamorcer la crise multiforme actuelle en Guinée Bissau. Ni en Europe, ni sur le continent africain. Ce qui devrait motiver l’UA à utiliser tous les moyens pour contrecarrer les plans d’Umaro Embalo Sissoco. Car, poursuivre dans la voie de l’indifférence s’apparenterait à de l’impuissance face à un homme, qui reste impuni malgré qu’il ait publiquement pipé les dés, de manière à se garantir une large victoire électorale à la fin de l’année.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)