PRESIDENTIELLE EN GUINEE : Qui pour donner une sérieuse correction électorale au « professeur » ?

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Bien qu’ayant trahi l’opposition en allant, seul, à cette élection, l’opposant Cellou Dalein Diallo le pourra-t-il ? Toujours est-il qu’il a revendiqué, lundi, 19 octobre, avoir remporté la présidentielle guinéenne dès le premier tour, sans attendre les résultats provisoires prévus mercredi 21 octobre. Des scènes de liesse de ses partisans, ont eu lieu dans tout le pays. Mais, Alpha Condé (qui se dit « professeur » d’université où il n’avait, en réalité, été que simple assesseur en Sorbonne (Paris 1), a-t-il fait modifier la constitution pour rien ? A-t-il bravé tous les écueils avant de se présenter pour voir quelqu’un d’autre se faire élire à sa place au final ? Comme il est difficile de l’envisager, et que Cellou Dalein Diallo, de son côté, n’est plus prêt à se faire voler sa victoire par le même individu une deuxième fois, il faudra s’attendre à beaucoup de troubles dans le pays.

« Mes chers compatriotes, malgré les anomalies qui ont entaché le scrutin du 18 octobre et au vu des résultats sortis des urnes, je sors victorieux de cette élection dès le premier tour », a-t-il déclaré devant la presse, lundi, 19 octobre, au QG de sa formation, l’Union des forces démocratiques (UFDG), dans la banlieue populaire de Conakry. Les premières tendances donneraient, en effet, plus de 58% à Cellou contre 38% à Condé tandis que les autres candidats totaliseraient près de 3%.

« J’invite tous mes compatriotes épris de paix et de justice à rester vigilants et mobilisés pour défendre cette victoire de la démocratie », a ajouté le candidat de l’opposition qui, à 68 ans, se présentait pour la troisième fois. Sa déclaration, d’à peine deux minutes, a été accueillie par des hurlements de joie de ses partisans et les cris de « Cellou Président ». Des supporters surexcités sont montés sur les toits. 

La CENI a jugé « prématurée », « nulle et de nul effet » la déclaration de Cellou Dalein Diallo. C’est à la CENI qu’il appartient d’annoncer les résultats provisoires, probablement, « d’ici à la fin de la semaine », puis, à la Cour constitutionnelle de les valider, a-t-elle rétorqué, sans convaincre car tout le monde sait que la CENI roule pour Alpha Condé. Alors, si elle pouvait être prise de court, qui ne serait pas content en Guinée ?

Le parti du président sortant, le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), a condamné, dans un communiqué, « avec la plus grande fermeté la déclaration irresponsable et dangereuse » de Cellou Dalein Diallo. Il a demandé à ses militants de rester « calmes, sereins et mobilisés » dans l’attente des résultats officiels.

Le nombre de mandats présidentiels est limité à deux. Mais pour Alpha Condé, la constitution qu’il a fait adopter en mars pour, affirme-t-il, moderniser le pays, remet son compteur à zéro. Ancien opposant historique, devenu en 2010 le premier président démocratiquement élu (grâce à une complicité conjuguée du ministre français des Affaires étrangères de l’époque Bernard Kouchner et de l’Organisation internationale de la francophonie) après des années de régimes autoritaires, Alpha Condé revendique d’avoir redressé un pays qu’il avait trouvé en ruines et d’avoir fait avancer les droits humains. En réalité, l’ancien assesseur de l’Université de Paris 1 a construit quelques hôtels, comme à Dakar, (dont les prix sont malheureusement hors de portée pour les Guinéens). Il a aussi permis aux multinationales minières et portuaires de s’enrichir sur le dos du peuple. La réalité est que les Guinéens n’ont ni eau, ni électricité, ni routes pour circuler et encore moins des hôpitaux pour se soigner ou des écoles pour envoyer leurs enfants. La Guinée est le deuxième pays au monde où les mineurs cherchent à s’expatrier pour rejoindre l’Europe.

Condé Alpha fout une honte terrible à la diaspora africaine au regard de son piètre bilan, qu’il a assombri en se présentant pour un 3e mandat anticonstitutionnel, comme tous ces dictateurs indécrottables dont il est devenu l’ami intime alors qu’il disait les combattre quand il battait le pavé sous l’hiver à Paris pendant ses longues années d’exil. Son échec pendant cette présidentielle (qu’il faut souhaiter) serait une certaine réhabilitation de la politique en Guinée. Il donnerait un grand bol d’air frais à la jeunesse qui ne sait plus où donner de la tête.

Cellou Dalein Diallo propose de « tourner la page cauchemardesque de 10 ans de mensonges », fustigeant dérive autoritaire, répression policière, corruption, chômage des jeunes et pauvreté.

Un second tour, s’il doit avoir lieu, est programmé le 24 novembre. Mais qu’Allah le Très Miséricordieux ne conduise pas ce pays jusque là. Qu’il congédie l’ancien assesseur de Paris 1 pour qu’à 82 ans, il puisse prendre sa retraite.

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