RDCONGO : Emmanuel Ramazani Shadary choisi par Joseph Kabila pour lui succéder

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Le président congolais, Joseph Kabila, a désigné, mercredi, 8 août, un candidat à sa succession à l’élection présidentielle prévue en décembre en République démocratique du Congo (RDCongo), une première dans ce pays qui n’a jamais connu de transition pacifique. Le choix de M. Kabila s’est porté sur le patron du parti présidentiel PPRD et ex-ministre de l’Intérieur, Emmanuel Ramazani Shadary, originaire comme lui de l’Est du pays swahilophone.

M. Ramazani Shadary (notre photo), 57 ans, figure parmi la douzaine de personnalités congolaises sanctionnées par l’Union européenne (UE), depuis 2017, pour violations des droits de l’Homme.

Il a été ministre de l’Intérieur du 20 décembre 2016 à février 2018, lors d’une période de fortes tensions liées au maintien du président Kabila au-delà de la fin de son deuxième et dernier mandat constitutionnel.
M. Ramazani Shadary était en poste lors la répression des trois marches catholiques anti-Kabila en début d’année qui ont fait une quinzaine de morts.

« M. Emmanuel Ramazani Shadary, notre candidat, est catholique pratiquant », a insisté le porte-parole du gouvernement Lambert Mende en faisant part à la presse du choix du président Kabila.

M. Ramazani avait été nommé en février « secrétaire permanent » du PPRD au terme d’une réforme des statuts de ce parti, qui prévoit la création d’un poste de président devant revenir à M. Kabila.

S’il quitte le pouvoir début 2019, M. Kabila, 47 ans, sera, aussi, sénateur à vie, selon la Constitution.

Les adversaires de M. Kabila ont salué une « victoire » dans le fait que M. Kabila s’engage finalement « à quitter le pouvoir ».

« Pour la première fois, un peuple d’Afrique centrale est parvenu à empêcher un chef d’Etat puissamment soutenu par les forces armées de modifier la Constitution et l’a forcé à quitter le pouvoir », avance Christophe Lutundula, porte-parole d’Ensemble, la coalition de l’opposant Moïse Katumbi.

« Nous avons gagné une bataille importante mais la lutte continue : celle pour une vraie alternance et des élections où voter ne sera pas une formalité (…), avec la certitude que le résultat reflète ce choix souverain », a réagi le mouvement citoyen pro-démocratie Lutte pour le changement.

Lucha avait appelé les Congolais à « descendre dans la rue » si M. Kabila se présentait.

Autre écueil : l’opposition dénonce la volonté de la commission électorale d’utiliser des « machines à voter » pour l’élection du 23 décembre – des « machines à tricher » pour ses détracteurs.

Des polémiques portent, également, sur la validité du fichier électoral et ses quelque 40 millions d’inscrits. Au total, 16,6% des électeurs ne présentent pas d’empreintes digitales, d’après une expertise de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

Les « partenaires » étrangers suivent de près la situation dans l’immense RDC, que les diplomates perçoivent comme un risque d’instabilité régionale avec ses 2,3 millions de km², ses neuf frontières, ses ressources minérales très convoitées et ses multiples zones de tensions.

Cela dit, le fait que Joseph Kabila ait renoncé à se présenter est, incontestablement, une victoire de l’opposition, de la société civile et de l’église catholique.

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