RELATIONS FINLANDE-AFRIQUE : Silence face aux menaces de la Finlande ?

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Après avoir annoncé son intention de suspendre l’aide au développement fournie à toute nation africaine, qui prendrait le parti de la Russie dans son conflit contre l’Ukraine, la Finlande a fini par dévoiler au monde entier un visage bien différent de celui d’un pays nordique pacifiste, les propos du ministre finlandais du Développement et du Commerce extérieur, Ville Tavio, ne laissant place à aucune autre interprétation que celle d’une volonté politique de contraindre et de punir en cas de non-alignement. 

Cette forme moderne de néocolonialisme est toujours présente, aujourd’hui, malgré que les Occidentaux refusent, souvent, de l’admettre. D’ailleurs, les faits sont là : les pays les plus à craindre sur ce plan sont ceux qui sont le moins soupçonnés. Le cas de la Finlande étant, particulièrement, troublant car, régulièrement, citée comme un modèle en matière de joie de vivre et de qualité de vie, selon des critères plus que douteux car ne tenant, visiblement, pas compte de la discrimination à laquelle font, régulièrement, face les migrants africains s’y étant établis légalement, ce qui a poussé l’agence européenne des droits fondamentaux à conclure dans un rapport en 2018 que la Finlande est le pays de l’Union européenne avec le plus fort taux de discrimination à l’encontre des Africains. Et la situation ne fait qu’empirer si l’on en croit la pléthore de récits d’étudiants kenyans et d’ailleurs, qui cherchent même à rentrer vers leur terre natale. Ce qui amène à s’interroger sur le silence de l’Afrique face à cette énième humiliation du gouvernement finlandais, récemment, porté par un vent d’extrême-droite (sur notre photo Sanna Marin la première ministre de Finlande depuis 2019).

En Afrique, la Finlande entretient des liens bilatéraux, historiquement, étroits avec la Somalie, l’Ethiopie, la Tanzanie, le Mozambique et le Kenya. Aucun de ces pays n’a eu le courage de réagir à la déclaration de Ville Tavio, vraisemblablement, par peur des représailles d’ordre financier. Une attitude d’autant moins compréhensible que les autorités finlandaises ont décidé de revoir à la baisse le montant global des financements alloués dans le cadre de l’aide au développement. Donc, non seulement, les partenaires bilatéraux africains recevront moins d’argent qu’auparavant, mais, ils devront s’aligner sur les nouvelles orientations de la politique étrangère finlandaise pour espérer en bénéficier. Un degré de moquerie qui ne dit pas son nom.

A une époque où la redistribution du poids géopolitique entre les nations est en cours, et l’Afrique se trouve en parfaite position pour se défaire définitivement de son statut colonial, des Etats africains, disposant pourtant d’immenses ressources naturelles, montrent qu’ils sont prêts à sacrifier leur dignité pour un peu d’argent. Comme pour dire aux autres gouvernements du continent réclamant une plus grande considération des Occidentaux qu’ils sont fous.

Il est courant d’entendre un chef d’Etat africain dire que « chacun gère son pays » en référence au respect du principe de non-ingérence. Mais, certaines situations nécessitent une réponse commune. Dans le cas de la Finlande, personne n’a bronché. Les Africains apprendront-ils un jour à se lever comme un seul homme quand cela est nécessaire ?

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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