Les députés sénégalais ont adopté, samedi, 4 mai, la révision de la constitution devant mener à la suppression du poste de premier ministre. Cette initiative du pouvoir est dénoncée par l’opposition et la société civile, qui soutiennent qu’elle ne transparaissait pas dans le programme du candidat, Macky Sall, pendant sa campagne de réélection.
L’actuel chef du gouvernement, Mahammed Boun Abdallah Dionne, reconduit le 6 avril, doit, maintenant, préparer la disparition de sa fonction. Dans un hémicycle quasi-complet, à l’issue d’une séance marathon de neuf heures, parfois agitée, 124 députés ont voté pour, et seulement, sept contre, a annoncé le président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, peu après 19h (locales et GMT). Un vote sans suspense, le pouvoir disposant d’une large majorité au parlement (sur notre photo Moustapha Niasse échange avec Macky Sall).
Cette révision, qui porte sur une vingtaine d’articles de la constitution, établit un nouvel équilibre entre les pouvoirs, en renforçant le caractère présidentiel du régime sénégalais.
Outre la suppression du poste de premier ministre, prévue à brève échéance, l’autre grand changement sera que le président de la République ne pourra plus dissoudre l’Assemblée nationale, laquelle ne pourra plus déposer une motion de censure pour renverser le gouvernement.
Cette réforme n’est pas «politique», mais, «uniquement technique et administrative». «L’objectif n’est pas d’accroître les pouvoirs du président de la République», a plaidé devant les députés le ministre de la Justice, Malick Sall, face aux critiques de l’opposition.
Au pouvoir depuis 2012, et réélu fin février, le président, Macky Sall, a promis d’accélérer les transformations de l’économie sénégalaise, et entend, par la suppression du poste de premier ministre, mettre fin aux «goulets d’étranglement» en étant «directement au contact avec les niveaux administratifs», selon ses services.
Les principaux partis d’opposition se sont opposés à la révision constitutionnelle. Le Parti démocratique sénégalais (PDS) de l’ex-président, Abdoulaye Wade, l’a qualifié de «sans intérêt», déplorant que cette réforme ait été «volontairement dissimulée pendant la campagne électorale». De fait, Macky Sall ne l’avait pas évoqué pendant sa campagne, et il a surpris les Sénégalais en l’annonçant le 6 avril, quatre jours après avoir prêté serment pour son second mandat.
Le Sénégal, qui fait figure de modèle démocratique en Afrique, s’était, déjà, passé de premier ministre, dans les années 1960, sous la présidence de Léopold Sédar Senghor et au début des années 1980 sous celle d’Abdou Diouf.