Jour J-8 pour la tenue du Sommet sur le financement des économies africaines que le président, Emmanuel Macron, va organiser, à Paris, le 18 mai. Ce lundi, 10 mai, c’est le grand cafouillage (à la française) au niveau des participants à ce Sommet et des sujets qui vont y être discutés.
Premier constat : alors qu’il parle du « Sommet sur le financement des économies africaines », le chef de l’Etat français semble avoir invité ses (seuls) amis préférés. C’est ainsi que sur 54 pays que compte le continent, le flou subsiste sur les critères de participation des uns et des autres. S’il y a à l’heure actuelle aucun participant connu de l’Afrique du Nord au niveau le plus élevé, ni en Afrique de l’Est, par contre, en Afrique de l’Ouest, le Sommet enregistrera la participation du président ivoirien, Alassane Ouattara, et de son homologue du Sénégal, Macky Sall, dont le pays abrite le siège de la BCEAO (Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest). A ces deux chefs d’Etat francophones, vont s’ajouter les présidents du Nigeria, Muhammadu Buhari, et du Ghana, Nana Akufo-Addo.
Deuxième constat : au sein de la CEMAC (Commission économique des Etats de l’Afrique centrale) qui couvre la BEAC (Banque des Etats de l’Afrique centrale), aucun chef d’Etat n’a été invité. Du moins, pour le moment. Même le Cameroun qui, est le pendant de la Côte d’Ivoire en matière économique en Afrique centrale, a été ignoré. Il en est de même de la Guinée équatoriale dont la capacité d’investissement, sans recours à l’endettement extérieur comme c’est le cas en Côte d’Ivoire par exemple, est inégalée, en zone franc.
En Afrique centrale, on se demande ce qui se passe d’autant plus que les ressources financières de la BEAC (où on enregistre plusieurs pays pétroliers) sont traditionnellement supérieures à celles de la BCEAO. Les demandes de financement aussi. Autrement dit, en langage trivial, pourquoi Paul Biya, Teodoro Obiang Nguéma Mbasogo, Ali Bongo Ondimba, Denis Sassou-Nguesso et Faustin Archange Touadéra, n’ont-ils pas invités par leur homologue Emmanuel Macron ? Quel problème y a-t-il entre ce dernier et ces chefs d’Etat pour que Emmanuel Macron préfère jeter son dévolu sur d’autres présidents plus lointains comme le président rwandais, Paul Kagame ?
Les chefs d’Etat de la CEMAC mal aimés de la France ici lors d’un Sommet à Yaoundé autour de Paul Biya.
Certes, le président de la RDCongo, Félix Tshishekedi, sera bien présent. Mais ne le sera-t-il pas d’abord et avant tout en tant que président en exercice de l’Union africaine (sur notre photo Félix Tshisekedi est reçu à l’Elysée le mois dernier par Emmanuel Macron) ?
Qu’en est-il justement des bailleurs de fonds de ce Sommet du 18 mai sur le financement des économies africaines ?
La Banque mondiale, la Banque africaine de développement et l’Union européenne y seront. Mais alors qu’il a été, personnellement, invité, Joe Biden n’a envoyé ni sa vice-présidente, ni son secrétaire d’Etat au Trésor (qui aurait été le bienvenu), mais son secrétaire d’Etat, Antony Blinken. Ce dernier viendra donc faire de la diplomatie là où les Africains veulent les sous. Côté Chine qui dispose du plus grand tiroir-caisse mondial, le président, Xi Jinping, sauf retournement de dernière minute, ne fera pas le déplacement de Paris. Ce qui est d’ailleurs fort logique dans la mesure où il est capable d’organiser un sommet du même ordre à Beijing, sans demander l’accompagnement de personne comme le fait Emmanuel Macron.
Bref, le Sommet du 18 mai pose beaucoup de questions, y compris au niveau des simples informations dont sont sevrées les ambassades des pays de la CEMAC en France. Le Quai d’Orsay ne leur envoie rien. C’est le black out total. D’où la question de savoir si (même) le droit à l’information négocié par l’ancien patron de l’Unesco, le Sénégalais, Amadou Mahtar M’Bow, dans le cadre de son NOMIC (Nouvel ordre mondial de l’information et de la communication) est jeté dans la Seine par le pays qui en abrite le siège ?