SOUDAN : Les jours au pouvoir du président Omar el-Béchir sont-ils comptés ?

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Né en 1944, à Hosh Bonnaga, Omar el-Béchir est le président de la République du Soudan. Militaire de formation, il a combattu aux côtés des Egyptiens, durant la guerre du Kippour, en 1973. Devenu colonel, il renverse le pouvoir en place en 1989, fait interdire tous les partis et instaure un nouveau code légal islamique. Il s’autoproclame président de la République, en 1993, avant de se faire élire en 1996, puis, en 2010. Il est sous le coup d’un mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI), pour crimes de guerre présumés au Darfour. C’est cet Omar el-Béchir qui est vivement contesté et qui risque de perdre le pouvoir si ces manifestations s’intensifient.

Depuis le 19 décembre, le pouvoir du général Omar el-Béchir est confronté à une vague de manifestations à travers le pays, parfois, réprimées dans le sang.

La violence a été dénoncée par le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. Dans un communiqué, il « appelle au calme et à la retenue et demande aux autorités de mener une enquête approfondie sur les morts et la violence », et « souligne la nécessité de garantir la liberté d’expression et de rassemblement pacifique ».

La contestation se concentre autour du prix du pain, alors que le Soudan connaît un marasme économique aggravant la pauvreté.

Au moins, 19 personnes, dont deux membres des forces de sécurité, ont été tuées, lors d’affrontements, en marge de ces manifestations, selon les chiffres officiels. La plupart des manifestants ont été victimes d' »incidents liés au pillage », selon le porte-parole du gouvernement, Boshara Juma.

« La police a capturé 10 personnes affiliées au groupe ALS/Abdel Wahid et saisi 14 Kalashnikovs et 1.000 munitions », a annoncé, lors d’une conférence de presse, Mamoun Hassan, ministre d’Etat à l’Information, en précisant que des ordinateurs avaient, également, été confisqués.

« Des documents trouvés sur les ordinateurs indiquent que ces personnes avaient l’intention de tuer des manifestants », a précisé M. Hassan.

Plusieurs bâtiments du parti d’Omar el-Béchir, le Congrès national, avaient été pris d’assaut et brûlés par des manifestants lors des premiers jours des manifestations, qui se sont propagées dans des villes et villages soudanais avant d’atteindre la capitale Khartoum.

Selon le chef des services de sécurité, des membres du groupe rebelle étaient responsables de ces violences.

L’Armée de libération du Soudan (ALS) d’Abdel Wahid Mohammed al-Nour et d’autres groupes rebelles affrontent les autorités soudanaises au Darfour (Ouest), depuis 2003, sur fond de tensions ethniques.

Vendredi, 28 décembre, à Omdourman, ville jumelle de Khartoum, située sur la rive occidentale du Nil, des centaines de fidèles sortant d’une mosquée du parti Oumma, principal parti de l’opposition, ont scandé, « Liberté, Paix, Justice », avant l’intervention des forces anti-émeutes, qui ont dispersé la foule à coups de gaz lacrymogènes, selon des témoins.

Les forces anti-émeutes ont, également, fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants à Port-Soudan, Madani et Atbara, ville de l’Est du pays où a débuté le mouvement de contestation, selon des témoins.

Réunis jeudi soir, des groupes d’opposition avaient appelé à poursuivre les manifestations dans les jours à venir, a indiqué le Parti communiste dans un communiqué.
Plusieurs membres de formations de l’opposition ont été arrêtés en marge des manifestations.

Le Parti du Congrès soudanais a, ainsi, indiqué que quelques heures après le début des manifestations vendredi, son chef, Omar el-Digeir, avait été arrêté par les services de sécurité. « Il a été emmené vers une destination inconnue », a affirmé le parti dans un communiqué.

L’Association des écrivains soudanais a, pour sa part, annoncé l’arrestation, mardi, 25 décembre, du poète, Mohamed Taha, qui avait participé à une manifestation. « Nous ignorons où il se trouve », a-t-elle affirmé.

Le réseau des journalistes soudanais a fait état de l’arrestation de deux journalistes.

Sur décision du gouvernement, le prix du pain est passé, mi-décembre, d’une livre soudanaise (1 centime d’euro) à trois livres, tandis que le prix du carburant grimpait, également, provoquant la colère de la population.

Au-delà des revendications sociales, parmi les manifestants certains réclament, aussi, « la chute du régime », slogan du Printemps arabe en 2011, du président Béchir, au pouvoir depuis 1989.

Amputé des trois quarts de ses réserves de pétrole depuis l’indépendance du Soudan du Sud, en 2011, le pays a vu l’inflation s’établir à près de 70% annuels, tandis que la livre soudanaise plongeait face au dollar américain.

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