SUCCESSION EN COTE D’IVOIRE : Le diabolique plan en préparation de Ouattara Alassane Dramane (devant une France politiquement morte)

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Alors que la Côte d’Ivoire entre dans une phase politique décisive en vue de la présidentielle de 2025, les signaux d’alerte se multiplient. Alassane Ouattara semble préparer une manœuvre politique aux conséquences incalculables : soit un quatrième mandat déguisé, soit, la mise en orbite présidentielle de son frère cadet, Téné Birahima Ouattara. Face à ce scénario de succession dynastique ou de perpétuation du pouvoir, la France et l’Union européenne se murent dans un silence lourd de sens. Pourtant, les répercussions d’une crise ivoirienne seraient loin de s’arrêter aux frontières du pays.

Un parfum de déjà-vu : le spectre de 2010 ressurgit

En 2010, la crise post-électorale avait fait plus de 3 000 morts. En 2020, Ouattara a déjà défié les principes constitutionnels pour briguer un troisième mandat, en affirmant que la nouvelle Constitution de 2016 remettait le compteur à zéro. La même logique anticonstitutionnelle semble se répéter aujourd’hui, nourrissant frustrations et colère au sein de l’opinion publique. Les mécanismes de dialogue sont bloqués, les voix critiques muselées, et les principaux leaders de l’opposition – tels que Laurent Gbagbo et Guillaume Soro – écartés du jeu politique par des moyens judiciaires ou administratifs (sur notre photo, Emmanuel Macron semble dépassé par les événements : sa politique en Afrique est un désastre. Va-t-il se ressaisir en Côte d’Ivoire ?).

La radiation de figures majeures de l’opposition de la liste électorale est un signal fort : le pouvoir prépare une élection verrouillée. Loin d’être un simple contentieux électoral, cette situation réveille les souvenirs d’un conflit sanglant, et met à nu la fragilité institutionnelle du pays.

Une communauté internationale en apathie

La France, premier partenaire politique, militaire et économique de la Côte d’Ivoire, observe la scène sans mot dire. L’Union européenne, quant à elle, semble s’être accommodée de la stabilité apparente du régime ivoirien, oubliant que la paix imposée par la peur ne saurait tenir indéfiniment. Pire, ce silence donne l’impression d’une bénédiction tacite à une dérive autoritaire.

En 2011, Barack Obama, les démocrates américains, ainsi que, la gauche et la droite françaises, avaient apporté un soutien appuyé à Ouattara au nom de la démocratie et des droits humains. Aujourd’hui, peuvent-ils affirmer ne pas être au courant de l’involution autoritaire du régime ? Des dizaines d’Ivoiriens sont toujours détenus depuis plus de dix ans pour des faits liés à la crise post-électorale. La justice transitionnelle promise n’a jamais vu le jour, et l’ombre du parti unique plane de plus en plus sur les institutions ivoiriennes.

Après le Guinéen Alpha Condé avec son troisième mandat raté qui l’a conduit en exil en Turquie, Alassane Ouattara hésite actuellement entre son vice-président, Tiémoko Meyliet Koné, et son frère qui est ministre de la Défense, Ouattara Téné Birahima. Un autre Burkinabé comme lui-même. Macron semble complètement perdu dans ce jeu de chaises musicales.

Crise politique en gestation, crise migratoire en expansion

Ce qui se joue à Abidjan concerne aussi Paris, Bruxelles et au-delà. La Côte d’Ivoire, autrefois présentée comme un modèle de stabilité économique en Afrique de l’Ouest, est devenue le deuxième pays d’origine des migrants clandestins africains vers l’Europe, derrière la Guinée. Ce constat est un cinglant désaveu de la politique ivoirienne, qui brandit une croissance économique à deux chiffres tout en produisant un exode massif de sa jeunesse.

La contradiction est flagrante : alors que les institutions financières internationales encensent les performances macroéconomiques du pays, des milliers de jeunes Ivoiriens – souvent issus du Nord, la région historiquement acquise à Ouattara – fuient un avenir sans perspectives. Les jeunes dioulas, pourtant, supposés bénéficier du favoritisme régional, désertent en masse les villages, les quartiers populaires, et se lancent sur les routes périlleuses de la Méditerranée. Leur départ massif dément le discours officiel et témoigne d’un profond désespoir.

La bombe migratoire qui guette l’Europe

Il serait naïf de penser que l’instabilité politique en Côte d’Ivoire ne concerne que les Ivoiriens. Si le pays bascule dans une nouvelle crise, comme en 2010, le flux migratoire vers l’Europe augmentera de façon dramatique. Il ne s’agira plus seulement de jeunes en quête d’emploi, mais de familles entières fuyant les violences, les persécutions ou la faim. Les pays européens, déjà confrontés à des tensions sociales et budgétaires liées à l’accueil des migrants, seront mis au pied du mur.

La France, en particulier, ne peut se permettre une telle impréparation. Déjà incapable de boucler son budget 2025 sans coupes drastiques, elle peine à faire face à une immigration incontrôlée. Accueillir des milliers de réfugiés ivoiriens en plus relèverait de l’inconscience politique si des mesures préventives ne sont pas prises. Laisser Ouattara enfermer son pays dans un autoritarisme sans frein, c’est accepter le risque d’un chaos dont l’Europe paiera elle aussi le prix.

Une alerte adressée à l’Occident : le moment d’agir, c’est maintenant

Il est encore temps d’éviter le pire. Mais cela exige que les partenaires occidentaux de la Côte d’Ivoire sortent de leur torpeur diplomatique. Fermer les yeux aujourd’hui pour préserver des intérêts économiques à court terme reviendrait à en payer le prix humain et politique demain. La France et l’Union européenne doivent user de leur influence pour rappeler les principes fondamentaux de démocratie, d’inclusion politique et de respect des droits humains. Cela implique de condamner toute tentative de manipulation de la Constitution, d’exiger le rétablissement d’un véritable dialogue politique entre tous les acteurs, y compris les exilés, de conditionner toute aide ou coopération à des engagements clairs sur les libertés politiques et la tenue d’élections transparentes, de soutenir la société civile ivoirienne, aujourd’hui, sous pression.

Après avoir éliminé Henri Konan Bédié, Ouattara veut éliminer aussi Laurent Gbagbo, les deux anciens présidents qui faisaient équipe pour lui tenir tête. Ouattara répondra un jour de ses forfaits.

La Côte d’Ivoire n’est pas un cas isolé. Elle s’inscrit dans un contexte régional instable, où les coups d’état, les manipulations constitutionnelles et les successions dynastiques sont devenus monnaie courante. Mais, à la différence du Burkina Faso, du Mali ou du Niger, la Côte d’Ivoire reste un allié majeur de l’Occident. A ce titre, la complaisance dont bénéficie Alassane Ouattara est à la fois injustifiable et dangereuse. Si l’Occident a su se mobiliser contre les régimes militaires au Sahel, pourquoi rester silencieux face à un pouvoir civil qui, sous couvert de légalité, vide les institutions de leur substance démocratique ? Il ne suffit pas de dénoncer les migrants qui arrivent sur les côtes européennes. Il faut aussi regarder d’où ils viennent, et pourquoi ils fuient. La Côte d’Ivoire est à la croisée des chemins. Si rien n’est fait, l’histoire risque de se répéter. Et cette fois, l’onde de choc pourrait être bien plus violente.

Jean-Claude DJEREKE

Est professeur de littérature à l’Université de Temple (Etats-Unis).

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