TCHAD : Au lieu de guérir la fièvre, Idriss Déby Itno veut casser le thermomètre

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En effet, le Tchad a qualifié d' »accusations graves » destinées à « saper les efforts » des autorités, le contenu du rapport d’Amnesty international qui avait dénoncé, mi-juillet, « un lien étroit » entre mesures d’austérité et répression.

Le rapport « Budgets en chute, répression en hausse » d’Amnesty contient des « informations partisanes et truffées d’accusations graves de nature à saper les efforts menés par le gouvernement tchadien dans le cadre de l’amélioration de la gouvernance », selon un communiqué du gouvernement publié, dimanche, 22 juillet.

« Le Tchad a accompli des progrès considérables, notamment, dans le domaine de la santé, de l’éducation et des infrastructures », et doit, en parallèle, faire face à des « groupuscules terroristes » à ses frontières, ajoute-t-il.

La sortie du gouvernement tchadien après la publication du rapport d’Amnesty International, est un des plus grands moments de la dictature d’Idriss Déby Itno. Car elle n’est en rien différente des réactions des pires régimes dictatoriaux d’Europe de l’Est ou d’Amérique latine du temps. Alors que l’ONG internationale se borne à rappeler les faits sur le régime tchadien qui, eux, ne sont pas contestés, le pouvoir de Déby, lui, s’en prend au rédacteur des dits commentaires en lui donnant une connotation réactionnaire. C’est comme si le régime de Déby s’attendait à ce qu’on lui adresse un satisfecit alors que sa calamiteuse gestion du pays, a entraîné la faillite de l’Etat.

Les mesures d’austérité « dépeintes par Amnesty international comme des mesures purement anti-sociales, répondent (…) aux exigences des bailleurs de fonds et sont appréciées par les partenaires financiers internationaux », estime le gouvernement tchadien.

Le rapport d’Amnesty international a fait état de la baisse du budget de l’éducation et des services de santé alors que la répression a augmenté. Entre 2013 et 2017, le budget de la santé a, par exemple, diminué de moitié, entraînant, notamment, des pénuries de médicaments.

En parallèle « des personnes qui manifestaient contre l’austérité ont été victimes de répression et arrêtées, certaines ont été torturées », selon Amnesty International qui rappelle que « depuis la mi-mars 2018, l’accès à certains réseaux sociaux est limité ». Certains opposants comme Ngarlejy Yorongar (sur notre photo avec à sa droite l’opposant Saleh Kebzabo) ont vu leurs réseaux sociaux et emails coupés du reste du monde, les empêchant de communiquer avec des amis à l’étranger.

Parfois, dans sa volonté de tout contrôler, tout régenter, Déby faute d’équipements modernes pour ses Services de renseignement, doit faire usage de méthodes antiques, qui n’ont plus cours dans des démocraties qui se respectent.

Répondant à la colère du dictateur, Amnesty International indique s’être appuyée sur les statistiques des autorités et avoir donné un droit de réponse à celles-ci dans le rapport. L’ONG va même jusqu’à reconnaître quelques timides efforts du régime dans les domaines de la santé et de l’éducation. Mais, comme tout dictateur qui se respecte, Déby a besoin d’être louangé à haute voix, pour se consoler de sa mauvaise gestion.

Depuis 2015, le Tchad souffre de la baisse des cours du pétrole brut. Pour y faire face, le gouvernement a mis en place des mesures d’austérité, dont une coupe dans les revenus des fonctionnaires, en grève depuis mai, pour la deuxième fois de l’année.

N’Djamena a obtenu des aides financières notamment du Fonds monétaire international (FMI) qui a recommandé entre autres au pays de réduire sa masse salariale. Mais, visiblement, le régime n’arrive pas à freiner la véritable hémorragie qui est provoquée par des détournements massifs de fonds par le clan au pouvoir.

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